Le rythme des élèves (enfin !) pris en compte dans une nouvelle réforme scolaire ?

Le rythme des élèves (enfin !) pris en compte dans une nouvelle réforme scolaire ?

Cette semaine j’ai été interpellée par un article concernant la réforme des programmes scolaires. Pour une fois, j’ai été interpellée de façon positive, ce qui est assez rare pour être souligné ! Paru dans Le Monde étudiants (version web), il évoque la refonte du système de « cycles » en primaire. Si le titre met en avant l’idée selon laquelle le redoublement pourrait devenir obsolète (ce qui me paraît une bonne chose, sachant les conséquences négatives que ça peut avoir dans une scolarité), c’est la globalité du projet qui me paraît vraiment intéressante.

La publication est à lire ici : Article Le Monde-Campus.

Dans cet article-entretient, le directeur du CSP (Conseil Supérieur des Programmes) Michel Lussault définit les nouvelles orientations de cette façon :

« Nous avons profondément modifié l’approche actuelle, trop annuelle, de la scolarité, qui a comme effet détestable de mal définir les étapes importantes des apprentissages des élèves. La fin de l’année et le passage dans la classe supérieure ont trop d’importance »

Tout ça me parle énormément, et ça me rassure un peu de voir que les choses peuvent s’améliorer. Mes enfants sont scolarisés dans ce qu’on pourrait appeler une école de campagne, avec un faible effectif et surtout, les classes sont multi-niveaux. Chez nous, une classe rassemble ainsi tous les niveaux de maternelle ainsi que les CP, la seconde classe allant du CE1 au CM2. Mon Poussin et ma Belette donc n’ont fréquenté que la classe des petits pour le moment, et je dois dire que ce fonctionnement m’emballe complètement ! Les enfants ont plus de liberté dans leurs apprentissages et les choses sont moins figées. Le rythme de chaque enfant est plus facile à respecter. Concrètement, il arrive que les élèves qui présentent des facilités participent aux activités du « niveau » supérieur, et ceux qui ont plus de difficultés profitent des explications données aux plus petits.

« L’approche par cycle de trois ans, que nous proposons dans notre réforme, permet de caler les apprentissages dans un autre temps et de tenir compte de la réalité de chaque élève. »

Bon, l’article n’évoque pas de classe multi-niveaux, mais il a le mérite de mettre en lumière le fait que le découpage des niveaux est arbitraire et par là-même potentiellement inefficace. Il n’y a pas besoin de réfléchir beaucoup pour se rendre compte que non, tous les enfants nés la même année ne seront pas prêts à apprendre à lire en même temps… Ni même que les enfants n’auront pas tous pigé le principe de la multiplication à 8 ans et 2 mois… Je le vois encore plus depuis que mes enfants vont à l’école et que je constate les différences parfois énormes entre les élèves d’un même niveau. Cette année, mon fils est en moyenne section avec 4 autres enfants. Une petite copine et lui sont nés en janvier, tandis que les autres sont de fin d’année. Inutile de préciser qu’à cet âge, 10 ou 11 mois d’écart c’ est énorme ! Les connaissances ne sont pas les mêmes, et la maturité non plus. Par chance, le fonctionnement multi-niveaux, ainsi que le discernement des instits, permettent de proposer à chacun des activités motivantes et adaptées.

D’autre part, cela permet de différer la question d’un éventuel saut de classe. Les élèves ne sont pas figés dans le niveau relatif à leur année de naissance. Dans notre cas, l’année prochaine Poussin devrait suivre un programme à cheval entre la grande section et le CP. C’est assez rassurant de savoir qu’il avancera à son rythme sans pour autant entrer tout de suite dans des démarches administratives parfois compliquées.

Par ailleurs, propos du redoublement, les propos de Michel Lussault sont plutôt encourageants :

Si on admet que l’idée est de faire progresser les élèves dans un cycle, puis de les faire progresser dans un autre pour les mener, in fine, à la fin du cycle de scolarité obligatoire, la notion de redoublement n’a plus de sens. Elle n’est plus à considérer comme la solution pour remédier aux difficultés scolaires. Il ne servira à rien de faire redoubler un élève en CP alors qu’on sait que nous avons encore le CE1 et le CE2 pour amener l’enfant le plus loin possible dans les objectifs de ce cycle. Il existe d’autres manières d’identifier ces difficultés et d’accompagner les élèves. Le redoublement doit être limité à quelques cas très particuliers.

Je suppose que la mise en oeuvre de ce nouveau fonctionnement demandera un petit temps d’adaptation et peut-être que les professeurs des écoles devront modifier un peu leur organisation, mais dans les grandes lignes l’idée semble pertinente. Il y a encore du chemin à parcourir avant d’envisager un fonctionnement comme celui initié par Céline Alvarez (voir par là et par ici ) mais pour une fois que l’accent est mis sur le respect du rythme de l’enfant, ça donne un peu d’espoir !

Article à retrouver sur Les Vendredis Intellos !

3 Responses »

  1. Je suis tout à fait d’accord sur le fait que tous les enfants nés la même année n’ont pas tous la même maturité.

    Mon fils est né un 16 décembre. Il a quasiment 1 an d’écart avec certains copains de classe nés en janvier. C’est énorme. Il est en moyenne section et il a plus de difficultés à rester concentré sur son travail que d’autres. Son instit (qui est très bien) nous a dit : « faut juste qu’il grandisse, sinon, il est tout à fait dans la ‘norme’.  »
    A l’inverse, ma nièce qui est née début janvier s’est un peu « ennuyée » en dernière section de maternelle.

    Mon père a été pendant des années instit en campagne avec des classes à plusieurs niveaux. J’ai souvenir qu’il aimait beaucoup cette façon de fonctionner. Il faisait profiter aux meilleurs des petits les cours des plus grands. El les plus faibles de grands révisaient avec les petits.

    Ça pourrait être pas mal de généraliser cette façon, de travailler

    • Je pense aussi que ce mode de fonctionnement doit être plus agréable pour les instits. Ca doit faire une pression en moins, de savoir que les élèves moins à l’aise pourront toujours rattraper le train en marche l’année suivante.

      Pour les enfants nés en décembre c’est sûr qu’au début ça ne doit pas être évident. Un an de différence c’est encore énorme pour des petits de 3 ou 4 ans, et c’est bien quand l’école peut prendre ça en compte.

  2. Il est vrai que je n’avais jamais pensé à la chance que cela pouvait être pour un enfant d’être dans une classe pluri/multiniveaux.
    En tant que parents, on pense que le prof ne pourra pas se consacrer pleinement aux enfants puisqu’il devra se diviser en deux voire trois ou plus (à Paris, concrètement, c’est rare d’avoir plus de deux niveaux mélangés) mais on peut interpréter et lire cela différemment, effectivement, c’est intéressant.
    Pour autant, je n’avais jamais percuté parce que c’est mon quotidien, donc il faut savoir prendre le recul pour faire un bilan et vouloir le prendre, je fais toujours des regroupements d’âges de 3/4 ans et cela fonctionne plutôt mais il y a des périodes charnières où les âges sont plus difficilement conciliables. Exemple dans mon cours de cuisine où j’ai accepté un enfant de 9/10 (normalement, c’est plutôt dès l’entrée du collège) qui côtoie des adolescentes de 14 ans qui, âge ingrat oblige, le toisent quelque peu.

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