Médecin de campagne

Médecin de campagne

Lorsque nous avons décidé de quitter Nantes, il y a quand même quelques trucs que nous aurions bien emmenées avec nous : la halte garderie, les bébés nageurs, notre maraîchère, notre boucher bio, mon gyneco et notre généraliste. Ca n’a pas été possible…

J’ai rencontré le Dr R au cours de ma première grossesse. Nous n’avions pas encore de médecin sur Nantes, personne pour nous en conseiller un, et nous cherchions un généraliste qui puisse devenir notre médecin de famille. Nous avons fait ce choix plutôt que celui d’un pédiatre, il nous correspondait mieux. J’ai pris le prétexte d’une bonne rhino pour entamer ma quête. J’ai tout de suite bien accroché avec le Dr R, qui en plus de me sembler bon praticien était sympathique et charmant (si, si, c’est un critère décisif le charme !). Ma première impression fut la bonne, puisqu’en 2 ans et demi de consultations fréquentes, j’ai toujours beaucoup apprécié le Dr R et sa façon de pratiquer la médecine. En tant que parents, c’était vraiment appréciable d’avoir un tel référent, d’autant que ses enfants étaient encore petits et avaient le même écart d’âge que les nôtres. Il y avait un petit côté j’ai testé pour vous. J’aimais ses conseils, il était ouvert à la discussion, n’était jamais trop directif mais toujours dans le dialogue, et je ressortais toujours de son cabinet avec la pèche. Je suis persuadée que le relationnel soignant-soigné est primordial, et là c’est clairement ce qui m’attachait à ce médecin. En plus de ses pratiques et façons de faire qui me semblaient également justes, et en tout cas qui correspondaient à ma vision des choses, j’appréciais sa disponibilité et son humour. Après un au-revoir plutôt ému fin juillet (avec une jolie peinture offerte par Poussin) j’appréhendais la recherche d’un nouveau médecin.

Belette ayant fêté ses 6 mois la veille de notre emménagement, la question du médecin a du se poser rapidement (pour les non initiés, il y a une visite médicale mensuelle jusqu’à 6 mois, ensuite ça s’espace un peu). Le choix n’a pas été bien compliqué, puisqu’il n’y a que trois généralistes dans la ville voisine (une dizaine de km), dont deux exerçant dans une maison médicale, où quelques spécialistes ont également une permanence un jour par semaine. J’ai opté pour cette solution et encore une fois, le rendez-vous fut pris à l’aveugle.

La première consultation chez le Dr W s’est bien passée, nous avons eu un bon feeling et à première vue sa façon de procéder et son contact avec les enfants nous ont plu (avec un petit échange de coups de coudes joyeux lorsque nous avons remarqué la pile de Prescrire à côté du bureau !). Heureux hasard, le Dr W achevait justement d’un séjour à Nantes d’où il revenait enjoué, et nous avons pu deviser des charmes de la ville des Ducs de Bretagne et de sa vie culturelle. Les enfants n’ayant pas été malades depuis, nous n’avons revu le médecin que cette semaine, à l’occasion des 9 mois de Belette. Et nous l’avons pour de bon adopté !

Il a ausculté Belette avec douceur, en lui parlant, en s’intéressant à sa petite vie de bébé de 9 mois. Bon, il l’a appelée Chloé à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’on rectifie, mais ce n’est pas bien grave, c’est joli aussi comme prénom ! Détail qui a son importance, il est comme le Dr R, il s’intéresse à notre quotidien sans être intrusif et sans nous imposer de conseils. Et ça pour nous c’est primordial, parce que nous avons horreur de tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l’infantilisation. Je suis peut-être un peu compliquée à suivre, mais j’aime avoir des conseils quand j’en demande, pas qu’on me fasse d’emblée un cours sur la façon dont je dois m’occuper de mes enfants ou les nourrir en partant du principe que je n’y connais rien. J’imagine que ce positionnement ne doit pas toujours être évident à trouver pour un soignant. S’assurer qu’un bébé est élevé dans de bonnes conditions sans infantiliser et tout en se montrant ouvert aux éventuelles questions. Quoi qu’il en soit, ces deux médecins répondent à cet idéal qui est le nôtre et nous en sommes ravis. Nous avons également été satisfaits et reconnaissant de la disponibilité du Dr W. C’est en effet agréable de se trouver face à un praticien qui  prend le temps d’ausculter mais aussi de discuter, et pas seulement de médical. Sans entrer dans une relation de potes, pouvoir parler deux minutes d’un paysage, d’un magasin pour enfants qui a ouvert dans une ville voisine, ou de n’importe quoi d’autre, c’est agréable. Ne pas avoir la fâcheuse impression qu’il faut faire vite, qu’il y a du monde derrière, qu’il faut se hâter de remettre un body ou un manteau pour ne pas avoir la culpabilité de voler du temps aux autres patients !

C’est dans ce climat de confiance que jeudi dernier je me suis permise d’aborder la question du sommeil de la Belette. Parce que même si a priori ses siestes merdiques ne relèvent d’aucune pathologie, d’une j’aurais pu louper un truc, et deuxièmement j’avais un énorme besoin d’extérioriser. Avoir des copines pour compatir c’est énorme et ça fait du bien, trouver une oreille objective et professionnelle c’est rassurant et apaisant. Le fait est que Belette dort très peu en journée, parfois à peine 30mn entre 7h30 et 19h, et ne se réveille toujours qu’en hurlant, encore fatiguée mais impossible à rendormir. Ca peut paraître anecdotique mais au quotidien c’est épuisant. D’autant que pendant une dizaine de jours, les nuits ont été difficiles aussi puisque la demoiselle se réveillait en hurlant à n’importe quelle heure et ne se calmait qu’une fois dans notre lit. En parler m’a fait du bien, et entendre qu’effectivement c’était problématique m’a énormément déculpabilisée. Ne plus avoir l’impression d’être une affreuse flemmarde qui se plaint de ne pas pouvoir boire son café tranquillement, ça fait du bien ! Je schématise bien sûr, mais derrière ces siestes merdiques c’est ma patience et mon sang-froid qui en prenaient un coup, ainsi que ma relation avec Belettoune. Avoir l’impression de ne plus voir en elle que la petite chose pénible qui m’empêchait de me reposer, c’était vraiment désagréable. Là, il a clairement été posé que cette particularité belettale avait pour logique conséquence de rendre chèvre sa maman, et que c’était bien normal. Je m’en doutais, mais ouf quand même ! Et puis tout bêtement, constater que les attitudes et gestes conseillés par le Dr W sont les mêmes que ceux que l’on pratiquait, c’était plutôt rassurant. Bon, il aurait eu un truc miracle et une baguette magique, j’aurais aimé aussi, mais s’entendre dire que l’on a la bonne attitude, ce n’est pas rien ! Enfin voilà, un médecin qui réfléchit avec nous à des solutions et qui évoque la possibilité d’un nouveau rdv dans quelques temps si j’en ressens le besoin, j’aime ! Hasard ou pas, depuis jeudi le sommeil diurne de Belette s’est amélioré ! La durée des siestes ne s’est pas vraiment allongée, mais les petits sommes se sont multipliés. Hier matin j’ai même pu boire un café, toute seule, avec de la musique que j’ai choisie moi. Le pied !!! L’ambiance à la maison fut bien meilleure.

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Papa-des-Champs a également eu son moment de gloire lorsque le médecin a remarqué avec étonnement qu’il gérait fort bien l’habillage de la Belette, et qu’il semblait agréablement surpris de voir un papa s’impliquer comme lui. D’où notre questionnement sur une éventuelle différence d’implication entre la ville et la campagne, et qui fera peut-être l’objet d’un prochain billet.

Pour rester dans la thématique médecine de campagne, je me permets de conseiller quelques lectures au passage. Pour commencer, bien évidemment, le blog de Borée, mais aussi dans la même lignée le fabuleuxLa Maladie de Sachs de Martin Winckler. Je connaissais Winckler pour ses précieux conseils en contraception, puis un ami me l’a fait découvrir comme romancier et j’ai vraiment vraiment adoré (il en a écrit d’autres qui méritent également d’être lus).

 

4 Responses »

  1. bon courage pr patienter avant que ta Belette ait un sommeil plus serein ;)

    et je partage totalement ton point de vue , ici je fais également 10km pr continuer à aller chez « mon » médecin, celui avec qui je peux aborder les questions de santé en confiance bien sûr, mais pas que . Le mien ne lit pas Prescrire mais sa « vocation » de MG imprègne ses consultations, c’est très précieux.
    Je pense svt à lui qd je lis les 24 de #privésdedésert , je savoure notre chance qu’il ait choisi notre campagne plutôt que cette baie côtière touristique et plus bourgeoise plus proche de son domicile…et qu’il en soit heureux :)

    Pr les lectures, Borée et ses collègues blogueurs offrent un panel large , et surtout humain …avec de plus d’indéniables talents d’écriture chez un certain nombre ! Entre émotions et informations de qualité, c’est une mine :)

  2. Et bien bizarrement Belette a un sommeil de bien meilleure qualité depuis la semaine dernière ! Il y a 2 jours je commençais même à être rongée d’inquiétude alors qu’elle achevait sa 3ème heure de sieste !

    Et c’est exactement ça, sentir que ces médecins ont une vision portée sur l’humain, c’est précieux ! J’ai aussi été enchantée de découvrir de réels talents d’écriture en parcourant la blogosphère médicale ;)
    La prochaine étape sera de trouver un gyneco dans ma campagne, après celui que je quitte à regret et après avoir lu Winckler, la barre est haute !

  3. Ah oui oui oui, et ça m’aurait arrangée. En fait en août en me renseignant sur les jours de permanence des sage-femmes, le généraliste m’a orientée vers un gyneco pour la pose d’un DIU. J’imagine qu’ils pratiquent peu le geste et ne sont pas forcément à l’aise avec (vu l’âge de la population ça m’étonne pas ;) )

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