Archives mensuelles : janvier 2013

Journal d’un corps de D. Pennac

Journal d’un corps de D. Pennac

Je viens de terminer Journal d’un corps de Daniel Pennac, et après quelques hésitations je décide d’en parler un peu ici. Je ne présente pas Pennac ni son oeuvre, qui m’a tant de fois émue ou amusée. Pennac j’aime ses histoires, son style qui-se-lit-bien mais qui ne verse pas non plus dans le bas-de-gamme commercial, mais qui est au contraire parsemé de bons mots et de jolis procédés. J’aime son approche de la lecture, ses personnages, son humour, bref je suis une convaincue ! Pour résumer très succinctement, Journal d’un corps est le journal tenu par un jeune garçon qui deviendra vieillard, de ses 13 ans à ses 87 ans. La particularité de ce récit est qu’il n’aborde que le corps, le narrateur y décrivant ce que vit et ce que ressent son corps, sans qu’il ne soit question de tout le versant psychique de son existence. L’évocation des personnes entourant le narrateur (famille, amis), ainsi que les dates et les contextualisations permettent de retracer la vie de cet homme du moins dans ses grandes lignes.

J’attendais depuis un petit moment de lire ce livre, puisqu’en plus de beaucoup aimer Pennac, l’évocation du corps dans la littérature est un sujet qui me passionne. C’était d’ailleurs le thème de mon mémoire de maîtrise, dont le titre était  quelque chose comme Rabelais, Panurge et le corps. Etudier la façon dont le corps, dans son aspect le plus brut et le plus naturel, est intégré dans une oeuvre littéraire, et plus particulièrement les liens entretenus entre le corps et l’esprit, je trouve cela passionnant, c’est comme ça ! J’étais vraiment curieuse de voir comment le sujet serait ici traité.

Ceux qui connaissent Pennac se doutent que la lecture de ce roman n’a pas grand chose à voir avec un précis anatomique, mais qu’il a plutôt réussi à donner un peu d’épaisseur à ses personnages et qu’au fil de notre lecture on s’attache au narrateur. Le parti pris de ne parler que du corps et de ne pas faire de lien avec le psychisme est respecté dans le sens où le narrateur ne livre pas de façon évidente ses ressentis émotionnels, toutefois on peut les deviner à certains moments. D’autre part, certains événements survenus dans son enfance ou même plus tard se répercuteront sur l’état de son corps et / ou sa santé. Grâce à plusieurs procédés narratifs et/ou stylistique, l’auteur parvient à faire de son texte un roman et non pas une succession de descriptions physique. Cet aspect du livre me laisse d’ailleurs perplexe. Je n’aurais clairement pas aimé lire une liste de manifestations corporelles sans qu’il soit question d’épaisseur donnée au personnage principal, et en même temps je trouve dommage que celui-ci ne soit pas un peu plus fouillé. Par moments j’ai trouvé qu’il manquait un peu de détails et qu’il y avait un côté « tu m’en as trop dit, balance tout » qui m’a laissée sur ma faim. J’imagine que cet effet a été voulu par Pennac et j’admets qu’il permet aussi de tenir le lecteur en haleine, poussé par sa curiosité d’en savoir toujours d’avantage. Je note également que selon les époques de la vie du narrateur, cet aspect est très inégal. Tout ce qui concerne la période 30-50 ans est assez bref, peu intéressante, et le personnage principal perd de sa consistance. Là encore on peut justifier ce creux en remarquant qu’il s’agit d’un âge où un corps masculin connaît ordinairement peu de changements. La jeunesse puis la fin de vie sont beaucoup plus riches sur ce plan-là ! Ce que j’appellerais ces petites inégalités du roman sont donc totalement justifiées d’un point de vue stylistique, et là Pennac réussit très bien son coup ; néanmoins elles peuvent par moments diminuer le plaisir de la lecture. Je n’arrive pas à avoir une opinion tranchée quant à la forme, mais j’admets avoir vraiment accroché sur le fond et m’être totalement attachée au narrateur. Avec larmes aux coins des yeux par moments, hâte de reprendre ma lecture dès que j’avais un moment, et pas envie que le livre ne se termine !

Concernant les faits relatés dans ce journal, et donc ce qui arrive à ce corps, j’ai deux petits bémols à émettre. Loin d’être prude ou coincée, j’ai trouvé que les passages racontant la sexualité du narrateur étaient parfois un peu lourds., ou plutôt trop nombreux. Autant à certains moments on peut lire une évocation tantôt amusante, tantôt touchante de sa sexualité et ce n’est pas du tout déplaisant ; autant à d’autres on sature un peu et on a l’impression que ça meuble le récit. Bon alors comme dans mon précédent paragraphe, on peut aussi avancer l’idée qu’à certains moments de leurs vies les hommes (ou les femmes !) sont un peu trop obnubilés par leur érotisme, ou qu’il y a des phases où nous sommes plus actifs que d’autres… Enfin le fait est que j’ai trouvé que ça alourdissait quelquefois l’écriture. Ce qui m’a le plus gênée n’a rien à voir avec ça, puisqu’il s’agit de plusieurs pages relatant un saignement de nez. Je n’entre pas dans les détails pour ceux qui voudraient lire Journal d’un corps, mais voilà, il y a un passage (que j’ai trouvé loooonnnng) décrivant saignement de nez, tâches de sang et cautérisation. Alors j’avoue, je pars avec un handicap certain en étant moi-même phobique du sang (essentiellement chez les autres d’ailleurs, je tolère beaucoup mieux la vue du mien), ceci dit il est quand même très rare que je doive suspendre ma lecture tellement je me sens mal. Et là ce fut le cas, j’ai du me résoudre à lire en diagonal et à sauter plusieurs lignes afin de ne pas m’évanouir sur mon canapé… Papa-des-Champs a même été étonné de me voir mal à ce point en lisant du Pennac ! Et il s’est un peu moqué aussi, parce que « t’as accouché 2 fois c’est bon maintenant » (certes mais d’où j’étais je ne voyais rien !)… Enfin bref sur le moment l’excès de réalisme et de détails m’a agacée. Parce que oui, quand je vois du sang et que j’ai peur j’ai une nette tendance à la vulgarité, du genre putain y fait chier, mais putain y pourrait pas parler d’aut’chose, mais merde j’en ai marre c’est chiant, putaaainnn !!! Oui, en plus d’être vulgaire dans ces cas-là j’ai aussi un vocabulaire très riche et développé !

Je l’ai dit en début d’article, j’ai hésité à parler de Journal d’un corps. J’ai aimé ce livre, ça c’est certain. Mais je me demande si je n’ai pas été un peu déçue. J’adore le concept du journal retraçant l’existence d’un corps et  j’aime beaucoup l’écriture de Pennac, mais j’ai le sentiment qu’en se donnant trop de contraintes stylistiques il est passé à côté d’un putain de bon roman ! Le cadre strict du journal qui n’aborde que le corps est respecté par l’auteur qui s’en sort plutôt bien de ce point de vue là (notamment grâce aux ajouts de notes à destination de sa fille), l’exercice n’était pas évident et Pennac réussit parfaitement. Seulement on aurait bien envie d’en savoir un peu plus sur ce narrateur dont on ignore le nom. Je suis persuadée qu’un roman plus classique dans sa forme nous réserverait encore plus de plaisir !

Si j’avais une idée à soumettre à Daniel Pennac (comme s’il avait besoin de moi…) ce serait de poursuivre la thématique mais en publiant cette fois-ci un journal intime. Pas celui du narrateur qui n’en tenait pas, mais pourquoi pas celui de son épouse ?

Journal d'un corps.couv

Joyeux Anniversaire Poussin !

Joyeux Anniversaire Poussin !

Aujourd’hui mon Poussin fête ses 3 ans !

Trois années qui sont passées si vite, et une impression de connaître ce petit bonhomme depuis si longtemps ! Trois ans que ma vie a radicalement changé, que chaque jour je réalise le bonheur d’être maman et la difficulté d’élever un enfant. Trois ans de tendresse et d’amour, de remises en question et d’interrogations. Avant de tenir mon premier bébé dans les bras et de vivre ses premiers jours avec lui, je ne réalisais pas à quel point ce serait dur. Avant de caresser son dos si doux, d’enfouir mon nez dans son cou et de sentir sa main dans la mienne, j’ignorais à quel point ce serait bon et étourdissant de douceur. Enfin si, mais pas autant. Cette vague d’amour que j’ai ressentie à  la naissance de chacun de mes enfants, elle m’a assaillie et prise de cour les deux fois. Son intensité m’a surprise et bouleversée à deux reprises, elle s’est inscrite dans mon corps, dans mes sens et dans mon coeur.

Cette semaine, pour imiter le petit ourson de l’une de nos histoires favorites, Poussin m’a demandé Maman, pourquoi tu m’aimes ? Sur le coup, ma réponse fut brève (et accompagnée d’un énorme câlin !) et donnait à peu près ça : « parce que tu es mon petit garçon d’amour, que tu es mignon et tout doux, et parce que j’adore être avec toi ». J’ai conclue comme la maman ourse de l’histoire en lui disant « et pour plein d’autres choses encore » !

Mon Poussin, si un jour tu veux lire une réponse un peu plus développée à ton adorable question, la voici :

J’aime mon Poussin parce qu’il est lui, qu’il est mignon et coquin, intelligent et rieur. J’aime son visage doux et malicieux, ses yeux qui pétillent et son sourire à croquer. Je l’aime parce qu’il est le fruit d’une jolie histoire, parce que la vie avec lui est une aventure de tous les jours. Parce qu’il m’oblige à me surpasser et qu’il me rend fière. En mettant à mal ma patience et mes certitudes, il m’invite sans cesse à réfléchir et à évoluer. Je l’aime parce que c’est bon de le voir,  parce que sa vie m’est tellement précieuse, et parce qu’il est si joyeux. Je l’aime parce qu’il est exactement comme je l’espérais, mais en mieux ! Je l’aime parce qu’il me ressemble tout en étant si différent de moi. Parce que le regarder dormir c’est apaisant, envoûtant et tellement doux. J’aime sa façon de jouer, de parler, d’observer. Je l’aime parce que son regard est magique, parce que ses gestes sont adorables, parce qu’il m’agace et me fait rire la seconde d’après. Je l’aime parce qu’il est mon fils et celui de l’homme que j’aime, et surtout parce qu’il nous rend heureux. Parce qu’il est un grand frère attentif et prévenant, et parce que lui aussi déborde d’amour.

Je l’aime parce qu’il est sensible et qu’il faut si souvent le rassurer. Parce qu’il faut l’encourager, le protéger, lui expliquer, dédramatiser… Cette fragilité qui le rend si souvent énervé et plein de colère, elle m’agace mais finalement je crois que je l’aime. Parce qu’elle le rend spécial et têtu. Parce qu’au fond je comprends ses colères et qu’à sa place j’aurais les mêmes. Mon Poussin je l’aime parce qu’ensemble on crie beaucoup et fort, mais que juste après on se réconcilie. Parce que dans la minute qui suit une crise, il nous suffit d’un câlin ou d’un sourire pour que tout retombe, et que c’est tellement bon ! Je l’aime parce qu’il n’est que douceur et naïveté, que ses bisous sont doux et qu’il est merveilleux. Et pour tellement d’autres raison encore !

Ce dimanche, nous avons fêté l’anniversaire de Poussin un peu en avance. Comme dans les livres qu’il aime tant, il a eu sa première fête surprise, avec jolie déco et Papi et Mamie en invités, un repas spécial et bien évidemment un gâteau au chocolat ! Sauf que petit Poussin était malade… Il a résisté tout l’automne et une bonne partie de l’hiver, mais manque de chance, la fièvre et la toux l’ont assailli pour SON jour… Le pauvre était ultra fatigué et n’a rien avalé à part trois minuscules bouchées de gâteau. Sa première réaction, en découvrant sa surprise, fut de chouiner en se planquant contre la jambe de son papa…Oups ! A l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes dimanche soir et je ne sais pas s’il pourra aller à l’école demain… Je vais quand même aller préparer le gâteau prévu pour le goûter en classe, même si Poussin m’a déjà prévenue qu’il n’en mangerait pas… Bon, c’est dommage et un peu frustrant, mais lui n’avait pas l’air trop déçu, c’est déjà ça. Et puis nous avons décidé de garder la déco en place et de faire le même repas spécial Poussin dans quelques jours, quand il irait mieux. Qu’est-ce que je l’aime mon Poussin !!!

 

Lampions

 Lundi matin : Poussin était en bien meilleure forme ce matin, il est donc à l’école avec un chouette gâteau qu’il avait l’air bien décidé à manger !

Au village

Au village

Lors d’un précédent billet, j’évoquais l’accueil chaleureux que nous ont réservé nos voisins, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de parler de celui des habitants du village, situé en contre-bas. Dans l’absolu vous me direz qu’à quelques kilomètres près, les mentalités ne doivent pas changer des masses. Certes. Sauf que démographiquement, les gens de notre hameau et ceux du village n’ont pas les mêmes caractéristiques. Pour faire simple, dans notre petit hameau il y a essentiellement des résidences secondaires ou des retraités dont l’installation est récente. Pas des gens du cru, donc. Parmi les quelques actifs c’est pareil, rares sont ceux qui sont originaires du coin (2 ou 3 maisons à peine). Au contraire, les habitants du village sont souvent originaires de la région. Souvent issus de familles d’agriculteurs, leur ancrage dans le territoire a donc de profondes racines. Pas étonnant donc que la vision des « nouveaux » diffère selon que l’on vive ici depuis toujours ou que l’on appartienne soi-même à la catégorie des néo-ruraux.

Je rassure tout le monde, personne ne nous a jeté de pierres en nous disant de rentrer chez nous, nous n’avons pas été accusés de piquer le travail des bons bourguignons de souche, et personne n’a vu en nous des parigots échoués (la ruse était de faire une halte entre Paris et la Bourgogne, comme ça nous sommes juste des Nantais en migration !). Notre arrivée ici a été très bien perçue, notamment parce qu’une famille de 4 qui s’installe, ça fait fonctionner l’école et les commerces mais aussi parce que ça apporte de la vie, tout simplement ! Cet accueil nous a fait du bien et nous a encouragés à participer à la vie locale. Nous n’avons donc jamais senti de réticence à notre venue, ni d’antipathie. Quelques réactions de surprise, du style Mais pourquoi venir dans ce trou ??? mais rien de plus.

Petite parenthèse : ça me fait toujours rire de voir les gens s’étonner de notre choix alors qu’ils font exactement le même… Parce que oui ils sont nés ici, mais personne ne les a forcés à rester ! Certes ils ont des attaches ici, et ça peut être difficile de s’en défaire, mais n’empêche que leur vie ici résulte d’un choix. Celui de la campagne plutôt que la ville, celui de rester plutôt que de partir. C’est très sartrien, mais c’est ainsi (Sartre,dans  L’Existentialisme est un humanisme, développe le fait que nos actions résultent toujours d’un choix, qu’il soit conscient ou non.)

Le seul moment où nous avons ressenti une petite méfiance, c’est de la part de certains parents de l’école. Pas tous, parce que dès le départ il y a eu des échanges sympas, des sourires et quelques paroles accueillantes. Cependant, Papa-des-Champs, qui est le principal préposé aux allers-retours à l’école, me disait régulièrement que tous les parents n’étaient pas franchement souriants avec lui et qu’il sentait bien une petite distance. Bon alors clairement, je pense qu’en dépit de son statut de nouveau, il a certainement créé la surprise. D’abord, s’il n’est pas le seul papa à accompagner ou venir chercher son fils à l’école, il n’a pas tout à fait le même look que les autres. Les cheveux longs et le manteau de ville, c’est pas forcément très courant par chez nous… Tout simplement parce que les papas dispo le midi sont ceux qui travaillent aux abords du village, donc essentiellement comme agriculteurs ou dans le bâtiment. Et forcément, pendant leur pause déjeuner ils ne s’amusent pas à chausser leurs souliers cirés ni leur manteau 3/4 ! La seconde explication, c’est que Papa-des-Champs est le seul papa à participer aux réunions de l’association des parents d’élèves. En fait pour la première on voulait y aller tous les deux, mais il en fallait bien un pour garder les enfants.., c’est ainsi qu’ au bout d’une lutte acharnée il a gagné ! Une fois qu’il s’y était fait des copines et qu’il avait eu un rôle à jouer dans l’organisation du loto de l’école (mouhahaha !!!) c’était logique qu’il continue. Il a donc surpris le petit groupe de mamans de l’assoc’, qui ne s’attendaient pas à accueillir un nouveau membre, et encore moins masculin ! La bonne nouvelle c’est que le directeur de l’école se sent maintenant un peu moins seul au milieu de toutes ces femmes. D’autant que sa capillarité est assez proche de celle de Papa-des-Champs, tout de suite ça aide à créer des liens :-D

Pour l’anecdote, depuis que Poussin est à l’école, nous avons déjà reçu plusieurs mots invitant les « mamans » à faire des gâteaux pour les diverses fêtes et occasions jalonnant la vie scolaire (et il y en a beaucoup, à croire qu’ici chaque occasion est bonne pour manger ! et boire aussi, mais pas tellement à l’école…). Cette sollicitation uniquement adressée aux femmes nous faisait sourire, en même temps qu’elle nous navrait un peu. Parce que certes dans les faits ce sont surtout les femmes qui font la cuisine à la maison, d’autant qu’ici elles sont beaucoup à ne pas travailler, mais sur le principe on trouve dommage de ne s’adresser qu’aux mamans quand il s’agit de cuisine. C’est le genre de détails qui permettent aux clichés de subsister et qui maintient les mentalités dans leur carcan au lieu de les faire évoluer. Bref, première réunion, vient le moment où la question des gâteaux et des mamans est abordée. Papa-des-Champs demande en plaisantant si les papas ont quand même le droit de faire des gâteaux. Ahahahn, tout le monde rigole, les participantes expliquent que ici c’est surtout les mamans qui font les gâteaux, et le sujet est clôt. Hasard ou pas, une dizaine de jours plus tard, un mot dans le cahier de Poussin appelait « les parents » à  préparer des gâteaux ! Gniark !!!

Au fil des semaines, Papa-des-Champs me dit qu’il sent du changement dans le regard des gens. Certaines mamans qui paraissaient antipathiques au début se dérident et lui rendent son bonjour avec un sourire, les gens discutent un peu plus, et c’est forcément plus agréable. J’imagine également que le fait de s’impliquer dans la vie de l’école le rend plus sympathique, et que ça contribue forcément à gommer les a priori et autres jugements hâtifs. De notre côté, nous sommes ravis de cette intégration qui commence à prendre forme. De semaine en semaine nos relations  avec les autres évoluent et s’étoffent, que ce soit avec les parents d’élèves, avec nos voisins ou avec les personnalités locales. J’aurais encore des choses à raconter sur ce nouveau réseau qui se tisse, sur le tissu rural si particulier engendré par le faible taux de population, et sur notre façon de vivre toutes ces nouvelles expériences. Je m’arrête là pour aujourd’hui, et j’évoquerai ce sujet qui me passionne à l’occasion de futurs billets ;-)

Bébé et langue des signes

Bébé et langue des signes

J’ai découvert le concept de langue des signes adaptée aux bébés pendant ma première grossesse. Je n’en avais jamais entendu parler avant et j’ai été curieuse d’en savoir un peu plus.

Pour résumer, il s’agit de communiquer avec ses bébés en signant. Les signes sont issus de la LSF (Langue des Signes Française), certains étant simplifiés pour être plus faciles à utiliser par des petits. L’objectif est de favoriser la communication parents-enfants avant le développement du langage, ou en parallèle. Cela permet également d’éviter les frustrations liées à l’impossibilité de se faire comprendre des plus petits. On peut aussi y voir une nouvelle forme de jeu (un peu comme les comptines à gestes), un moment de partage et de complicité. Il n’est pas question de faire du dressage, mais de permettre à l’enfant qui en a envie de communiquer autrement avec ses parents. Signer permet aussi à l’enfant de mieux maîtriser son corps, de développer sa motricité fine, même si ce n’est pas l’objectif principal on dira que c’est toujours ça de pris ! Nous pouvons commencer à signer dès la naissance, au bout de 4 mois, de 9 mois ou d’1 an, il n’y a pas de règle. Les bébés peuvent commencer à signer dès 6 mois pour les plus rapides, sinon la moyenne se situe plutôt entre 9 et 12 mois. Evidemment cela dépend aussi de l’âge auquel ils ont été initiés, s’ils baignent dans un environnement où la LSF est utilisée quotidiennement, etc.  Comme je ne suis pas certaine de tout bien expliquer, ou pour celles et ceux qui seraient intéressés, je vous mets un lien vers le site Signe avec moi qui présente très bien le concept et donne accès à pas mal de ressources sur le sujet.

J’ai donc découvert la langue des signes pour bébé pendant ma grossesse, et puis le chamboulement des premiers mois aidant, les heures de sommeil en moins et tout le reste ont fait que j’ai un peu mis de côté le concept. Je m’y suis replongée quand Poussin avait environ 9 ou 10 mois. Papa-des-Champs était motivé aussi (c’est d’ailleurs lui qui a suggéré de commencer), nous avons parcouru un peu le net à la recherche de quelques signes, et nous avons acheté le livre édité par Signe avec moi. Nous avons commencé par des signes simples liés au quotidien et faciles à reproduire : encore, manger, chat, papa, maman… Nous introduisions de nouveaux signes au feeling, selon nos envies ou nos besoins. Au contraire nous faisions parfois l’impasse sur certains signes pourtant courant, soit parce qu’au moment de les faire nous avions les mains prises, soit parce que Poussin n’était pas attentif à ce moment là.

Les premiers temps, Poussin n’était pas tellement réceptif. Il faut dire aussi qu’il n’a jamais été trop intéressé par la gestuelle de ses mains. Les marionnettes, applaudir, les comptines à gestes, ça n’a jamais été trop son truc. Très tôt il a su attraper des petits objets ou tourner les pages des livres, mais jouer avec ses mains bof. Il a cependant commencé à signer un tout petit peu vers 12-13 mois. Il me semble que son premier signe a été « dodo », qu’il utilisait pour manifester sa fatigue. Entre 13 et 18 mois, il a intégré plusieurs signes qu’il réutilisait correctement, son domaine de prédilection étant la nourriture ! Ses signes favoris étaient mangerpain, yaourt, c’est bon, encore, chocolat, carotte, et bien sûr chat puisque nous en avons un. Cependant on sentait bien que ce n’était pas son truc, il n’était pas spécialement demandeur et pas non plus très habile de ses mains. D’autre part, c’est entre 16 et 18 mois qu’il a commencé à dire de plus en plus de mots, il était donc beaucoup plus motivé sur le plan verbal que sur les signes. Nous avons naturellement suivi son développement en arrêtant progressivement de signer. Il préférait parler que signer, nous avons suivi le mouvement ! Ce n’était pas une décision véritable de notre part, disons qu’on s’est laissés porter par les sollicitations de Poussin et qu’au bout d’un moment nous avons simplement constaté que nous ne signions plus.

L’expérience ne fut donc pas éblouissante, mais nous l’avons trouvée sympa. Cela nous a permis de proposer un nouveau moyen de communication à notre bébé, de lui ouvrir des possibilités et de lui laisser le choix d’y adhérer ou non. D’un point de vue personnel, c’était chouette d’apprendre quelques signes. Avec Papa-des-Champs, il nous arrive encore de signer furtivement pour communiquer en silence, par exemple si nous ne voulons pas être entendus. Oui, nous sommes fourbes !

Si j’aborde ce sujet aujourd’hui, c’est parce que depuis quelques temps nous nous sommes replongés dans la langue des signes, pour y initier Belette cette fois ! Depuis environ 2 semaines je me suis remise à signer (Papa-des-Champs a plus de mal à reprendre ses réflexes, mais ça va venir), je commence doucement quand j’y pense  et j’essaie de retrouver mes automatismes. Pour l’instant c’est du basique, encore une fois ça tourne surtout autour de la bouffe et du chat, des câlins et des membres de la famille. Notre quotidien, en somme ! Du haut de ses 11 mois Belette est déjà plutôt habile de ses mains, enfin disons qu’en comparaison avec son frère au même âge y’a pas photo ! Elle passe ses journées à faire les marionnettes avec ses petites mains, elle s’applaudit, et elle recommence de bon coeur. Oui, je suis gaga ;-) Bref, il se peut qu’elle soit un peu plus emballée que Poussin en ce qui concerne la langue des signes. Ce qui est chouette aussi, c’est qu’en nous voyant signer Poussin s’y met aussi. Apparemment il ne se souvient plus de ceux qu’il maîtrisait, mais il essaie de nous imiter. Il est toujours pataud (en même temps il parle tellement que ses mains auraient du mal à suivre !!!), mais je suppose que si Belette commence à signer il la suivra. J’extrapole un peu, mais ça pourrait leur faire un chouette langage secret pour la cour de récré :o)

Je ne manquerai de noter par ici la suite de nos aventures en langue des signes, et les éventuels évolutions de Belette !

L'ouvrage qui nous a permis de démarrer, hyper complet et simple à utiliser

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