En devenant maman…

En devenant maman…

… ça a changé quoi ?

Il y a quelques jours, Papa-des-Champs me faisait remarquer à quel point la maternité fait évoluer les femmes et modifie certains traits de leur personnalité. Il me cite quelques exemples de jeunes ou futures mamans, proches ou moins proches, qui sont ainsi devenues plus épanouies pour les unes, moins stressées pour les autres, joyeuses, apaisées, etc etc. Et c’est vrai, c’est flagrant comme parfois il suffit de tomber enceinte pour que l’angoissée devienne étonnement sereine, ou pour que celle qui voyait tout en noir se retrouve rayonnante. Le changement peu s’opérer pendant la grossesse, ou à la naissance du bébé. Evidemment, suite à cette conversation je me suis demandé ce qui avait changé chez moi, si le fait de devenir maman avait été positif dans mon caractère ou mon comportement.

Le changement a commencé pour moi dès que nous avons pris la décision de faire un bébé. Le positif, c’est que d’emblée j’ai arrêté de fumer. Et Papa-des-Champs aussi, d’ailleurs. Du jour au lendemain ou presque. Nous qui fumions une bonne dizaines de clopes par jour, et qui n’avions pas du tout le projet d’arrêter, en prenant la soudaine décision de fonder une famille nous avons également pris celle de ne plus acheter aucun paquet. Et nous avons réussi ! Bon, j’avoue que pour ma part j’ai racheté un seul paquet, que j’ai fumé à hauteur de 2 ou 3 cigarettes par jour avec dégoût, et que ça a fini par tellement m’écœurer que je n’ai jamais recommencé. Tout au long des 18 mois qu’il nous a fallut pour concevoir Poussin, nous n’avons jamais flanché. La perspective de devenir parents nous a donné une force de dingues ! J’ai ensuite complètement pété un boulon en voyant mon ventre désespérément vide et j’ai frôlé la dépression en passant les pires mois de ma vie (j’en parlais ici), mais sur quelques points au moins mon projet de maternité m’a rendue courageuse. Autre grande évolution, sur le même registre, cette entrée dans le monde médical a presque guéri ma phobie des aiguilles et des prises de sang. Bref, tous ces changements n’étaient pas tellement visibles par notre entourage qui ignorait tout de notre désir d’enfant, on va donc dire qu’ils ne comptent pas tellement pour l’illustration de mon article, mais ils ont leur importance pour nous.

Ce que nos proches ont pu constater pendant ma première grossesse, c’est que j’étais terriblement épanouie ! Neuf mois de plénitude, de bonheur, de grande forme et de sourires. J’étais heureuse et sereine. Je n’ai pas angoissé et j’ai tout géré comme une chef, jusqu’à l’accouchement qui s’est merveilleusement bien passé. Quatre heures montre en main entre la première contraction et la sortie du poussin, pas de péri, périnée intact, un rêve ! Tout le monde a loué mon courage, ma résistance à la douleur et mon incroyable bonne mine sur les photos. Moi qui me trouve toujours pitoyable en photo, j’avoue avoir été estomaquée de me trouver si jolie quelques minutes seulement après avoir accouché. Un ami qui est d’ordinaire plutôt avare de compliments m’avait trouvée « rayonnante », ce qui m’avait profondément flattée. C’est ensuite que ça a cafouillé…

C’est en pensant à ce qui a suivi cet état de grâce, qu’en essayant de trouver ce que la maternité avait changé chez moi, la seule réponse qui m’est venue est celle ci : je suis devenue chiante !

Depuis que je suis maman, outre ma patience quasi inexistante et mes cris de poissonnière (que je qualifierais presque de classiques et d’inévitables), je trouve que j’ai tendance à m’énerver beaucoup plus qu’avant et à imposer mes habitudes aux autres. En un mot : chiante ! Moi qui avais l’habitude d’être conciliante et de ne jamais m’imposer, j’ai maintenant l’impression de m’agacer ouvertement lorsqu’on essaie de mettre en péril mon organisation, et de ne plus hésiter à râler quand ça m’embête vraiment trop. J’ai ainsi été désagréable avec ceux qui prolongeaient leur visite trop longtemps à la maternité alors que mon bébé était fatigué, j’ai imposé mes heures de rdv à la maison et fait la tronche quand les invités arrivaient en retard, j’ai envoyé promener, j’ai fait chié (si, si !) parce que tel endroit ne me convenait pas, parce que là il faisait vraiment trop chaud pour mon bébé, parce que le bruit était trop fort, parce que, parce que, parce que…. Bref, je pense sincèrement être passée pour une chieuse, même si de mon point de vue toutes mes râleries étaient justifiées et n’avaient pour objectif que de préserver mes enfants. N’empêche que de m’apercevoir que la maternité m’avait rendue chiante, ça m’a fichu un coup. J’aurais bien aimé, moi aussi, que les gens me trouvent plus épanouie et plus heureuse… J’ai tellement désiré devenir maman, j’ai tant de fois essayé de faire au mieux avec mes petits, j’ai eu l’impression de faire tellement d’efforts, que je n’ai pas trouvé ça juste du tout ! Se remettre en question en permanence, organiser toute notre vie pour coller au mieux au rythme de nos petits chéris, se préoccuper tellement de leur bien-être, et aller parfois jusqu’à se sacrifier pour réaliser que je suis juste chiante, c’est vraiment la loose !

Dépitée par cette prise de conscience, j’ai quand même fini par réfléchir un peu plus loin que le bout de mon nez pour comprendre qu’en fait, je n’étais pas vraiment chiante mais surtout beaucoup plus sûre de moi. Et c’est vrai ! Devenir mère m’a donné confiance en moi et me permet tout simplement d’oser ! Je n’ai plus peur de donner mon avis et d’imposer mes choix quand c’est nécessaire. Parce qu’après tout c’est normal de respecter le sommeil d’un tout-petit, de faire en sorte qu’il puisse manger dans de bonnes conditions, et que c’est notre rôle de parents de veiller à ce que nos proches jouent le jeu. Avec la naissance de mes enfants j’ai gagné l’assurance qui me faisait défaut et qui m’a tant de fois empêchée d’avancer. Alors bien sûr je ne l’ai pas toujours bien gérée, d’où cette impression d’être une chieuse qui râle et se met trop facilement en colère, mais j’imagine (du moins je l’espère !) que j’arriverai à la dompter au fil du temps. D’autant qu’elle n’est pas que négative et qu’elle m’a également permis d’avancer. En devenant maman j’ai osé me fâcher fort avec des gens que j’aime, mais j’ai aussi trouvé la force de leur ouvrir de nouveau mon coeur et de leur dire combien ils manquaient à nos vies. Jamais je n’aurais eu ce courage avant. Pas plus que je n’aurais eu l’audace d’ouvrir ce blog ni de tenter une nouvelle aventure professionnelle. Si j’évolue chaque jour en tant que maman, et que j’apprends de mes erreurs pour devenir meilleure, cette progression concerne aussi ma personnalité et ma façon d’être en tant que femme. Il y a encore du chemin, bien sûr, mais j’ai malgré tout le sentiment que ça s’améliore. Si en attendant je passe encore pour une chieuse névrosée, dites-vous juste qu’en fait j’essaye simplement de dompter cette nouvelle confiance en moi !

Vous avez changé vous, en devenant maman ? (ou papa !)

 

6 Responses »

  1. Je sais pas, je ne le suis pas encore… puisque nous attendons… attendons… attendons…
    Il est grandement prévisible que la maternité nous change et nous impacte mais dans quelle-s direction-s ?

  2. Que vous dirais-je Maman…des champs…et d’ailleurs…?que si la maternité est rarement un « long fleuve tranquille »;elle est pour le moins un des éléments de notre vie le plus bouleversant!!
    Devenir mère ne nous change pas fondamentalement mais à mon sens nous « révèle ».
    Je tenais ici à vous dire que vous lire « maman des champs »est pour moi source d’un grand plaisir;j’attends avec de plus en plus d’impatience vos « billets d’humeur » ou autres « articles »;j’apprécie votre « plume » et vous encourage grandement à faire partager vos écrits plus largement…!
    Cordialement.
    CATHERINE.

    • Voilà un commentaire qui me fait très plaisir, merci ! :)

      Effectivement la maternité nous révèle,fait ressortir l’important et nous amène souvent à l’introspection. C’est parfois déroutant mais ça permet également d’évoluer !

  3. J’ai lu votre écrit hier qui m’a beaucoup amusé. Je me retrouvais en effet dans ce constat, un peu déconcertant, qu’en devenant maman on devient « chiante » au regard de certains. Et parfois même de son conjoint ! C’est vrai qu’être maman c’est aussi devenir le manager de la famille, ce qui demande une capacité d’organisation qu’on avait pas forcément avant. Alors adieu la patience a toute épreuve, l’improvisation, on divisent beaucoup plus exigeante.
    Mais, à l’occasion de vacances des enfants chez papy et mamie, je me suis aperçue que l’autre fille en moi, celle qui existait avant d’être maman, n’avait pas disparue ! Pendant leur absence, je me suis retrouvée comme avant, calme, à l’écoute ( même à 22h), conciliante etc etc…
    Tout n’est pas perdu !

    • J’ai fait ce même constat lors de nos quelques escapades en amoureux, en sortant de notre quotidien de parents on retrouve un peu les « anciens nous » qui étaient moins chiants. Et ça fait du bien de voir qu’on peut avoir de multiples facettes !

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