Il y a 8 ou 9 ans je pensais que notre vie était représentative de celle des autres. J’étais jeune et naïve, et je pensais réellement que s’il y avait une norme nous en étions plutôt proches. Pour moi la vie c’était la ville, internet, les week-ends plusieurs fois dans l’année et un boulot dans un bureau, à des horaires classiques et réguliers. J’imaginais bêtement qu’ailleurs c’était pareil, et qu’aux quatre coins de la France les jeunes entre 20 et 30 ans vivaient comme nous, globalement. J’étais persuadée que la province c’était Paris en plus petit… et qu’à Lille, Nantes ou Toulouse c’était comme à Paris, qu’il y avait juste moins de rues, moins de bars et moins de métros. Bon, je n’étais pas non plus crétine et je me doutais bien qu’il y avait forcément des particularités locales, mais je les minimisais. Je savais que partout des gens ne vivaient pas comme nous, mais je ne réalisais pas à quel point.
Les années ont passé, j’ai vécu dans différents endroits, j’ai fait des rencontres… et j’ai vu que la vraie vie n’était pas la mienne. Ou en tout cas pas que la mienne. Les différences sont beaucoup plus importantes que prévu, les modes de vie sont toujours un peu plus éloignés du mien, et il y a autant de vérités qu’il y a de façons de faire (ou presque :op ). J’ai aussi compris que les différences ne concernaient pas uniquement les zones géographiques, même si forcément les habitudes locales existent bel et bien.
Je sais maintenant que la vraie vie c’est ici, mais aussi là-bas et encore ailleurs. Dans mon petit village de Bourgogne j’ai souvent eu l’impression que les gens ne vivaient pas comme moi, pas comme nous. Plus ça va et plus je comprends que c’est moi qui ne vis pas comme eux ! C’est une nuance de taille. La différence et la norme changent de côté et ça remet beaucoup de choses en question. Parfois c’est agaçant, parce que j’ai trop souvent tendance à croire que ma vérité est la meilleure et que les autres font n’importe quoi. Mais peu à peu je prends conscience que les jugements de valeurs ne servent à rien.
Je ne renonce pas à promouvoir mes idées quand elles me tiennent trop à coeur mais j’apprends le tact et l’humilité. Peu à peu. Et bien sûr je me nourris aussi de ce que je découvre. Au-delà des choses qui agacent et qui chiffonnent il y a aussi des habitudes qui me plaisent et que j’adopte au fil du temps. Prendre le temps, devenir sociable et loquace, gagner en simplicité… C’est un peu cliché mais c’est ce qui me vient en premier. Le chemin est parfois difficile mais il mène vers la tolérance.
Je me rends compte également que les différences ne concernent pas uniquement la dichotomie ville / campagne. Si je retournais à Paris mais avec un autre entourage et un autre boulot, le choc des cultures existerait aussi ! Je l’ai d’ailleurs déjà vécu, que ce soit pendant mes études ou en travaillant, mais à l’époque je pensais encore que c’était « les autres » qui étaient différents de moi. Il m’aura fallut quelques années de plus et un changement de paysage pour comprendre que la vraie vie ne veut rien dire. Et si la vraie vie ne veut rien dire c’est justement parce qu’elle est multiple, changeante et qu’elle nous concerne tous. Peu importe où nous sommes, peu importe ce que nous faisons.