Les Souvenirs, de David Foenkinos

Les Souvenirs, de David Foenkinos

LesSouvenirs_Gallimard

 

 

Depuis la parution de Charlotte et toutes les merveilleuses critiques qui ont suivi, j’ai envie de découvrir David Foenkinos. Pourtant, les mois passent et je ne me suis toujours pas procuré ce livre, parce que j’ai peur qu’il soit trop triste… C’est un peu idiot, mais la perspective de lire l’histoire de cette jeune artiste à la fin si tragique m’angoisse profondément. Je lis pourtant des tas d’autres livres loin d’être drôles, mais là je bloque. J’ai donc décidé de faire connaissance avec Foenkinos en commençant par ses autres romans. L’amie chez qui j’étais la semaine dernière m’en a même prêté un (mais je ne sais plus lequel…oups) en me disant que c’était le mieux pour commencer, mais évidemment j’ai oublié de le prendre en partant ! Alors, un peu au hasard, j’ai acheté Les Souvenirs lors de mon passage à la librairie cette semaine.

 

Le narrateur, à la première personne, y évoque la fin de vie des ses grands-parents, le début de retraite et les névroses de ses parents, ses errances émotionnelles, ou encore l’aube de sa vie d’adulte. Et des dizaines de souvenirs, de personnages fictifs ou réels. Dit comme ça, j’en suis bien consciente, ça sent le roman de pré-trentenaire, la mièvrerie et les gros clichés. Mais en fait pas du tout !

Très vite, la douceur du texte m’a touchée. Je l’ai trouvé sincère, et en cela terriblement émouvant. Le narrateur a tout d’un stéréotype agaçant (il est jeune, il veut devenir écrivain, il cherche l’amour, il est gentil…) mais on s’aperçoit vite qu’il est aussi bien plus que ça. Il dépasse le stéréotype pour s’incarner véritablement, ce qui est assez rare pour être souligné. L’écriture de Foenkinos est agréable et j’aime beaucoup son style, tout en finesse lui aussi. C’est assez difficile à décrire, mais j’ai vraiment eu un sentiment de douceur en lisant Les Souvenirs. Une sensation de flottement, de coton et de légèreté.

A travers l’histoire de ce jeune-homme bouleversé par la fin de vie de ses grands-parents, c’est toute une réflexion sur la vieillesse qui s’offre au lecteur. Encore une fois il ne s’agit pas de se calquer sur des clichés, mais bien de poser un regard lucide et empathique sur une génération qui s’efface. L’évocation de ses parents, entre deux âges, renvoie elle aussi à une réalité parfois compliquée. Entre émotion, tendresse et humour, ce roman est celui du glissement des générations, du temps qui passe et des liens familiaux. Malgré ces thématiques difficiles, je n’ai jamais ressenti de lourdeur ou d’angoisse pendant ma lecture. Certes, je n’ai pas de problématiques similaires dans ma famille en ce moment, mais je me demande si dans de telles situations Les Souvenirs ne seraient justement pas un moyen d’adoucir un poids. Bien sûr pendant ma lecture j’ai ressenti un peu de nostalgie, et j’aurais pu être bien plus ébranlée si mon histoire avait eu des points communs avec celle du narrateur, mais je trouve ce roman tellement juste qu’il n’apporte aucune angoisse. Je pense qu’on peut au contraire y trouver de l’apaisement, une sorte d’acceptation du temps qui passe et d’une époque qui bascule dans le passé. Et puis vraiment, Foenkinos maîtrise si bien l’art de l’humour subtil qu’il parvient à désamorcer le tragique en lui insufflant ce qu’il faut de légèreté !

Ma seule déception, parce que même sous le charme mon esprit critique reste aux aguets, concerne la fin du roman. Sans trop dévoiler l’intrigue, cela correspond au moment où le narrateur se met en couple. Je pense que l’histoire aurait pu s’arrêter là, et s’éviter ainsi de flirter avec les clichés. C’est à mes yeux un paradoxe énorme, mais si la littérature raffole des histoires de couple, c’est ce que les écrivains ont le plus de mal à traiter ! La fin du livre n’est pas non plus atroce, n’exagérons rien, mais je n’ai pas été totalement convaincue par les derniers rebondissements. D’ailleurs, la temporalité du récit s’accélère à ce moment-là, et les multiples ellipses (de plusieurs années) participent à ce sentiment de déception. A mon avis, un roman qui évolue à un rythme plutôt régulier n’a rien à gagner en osant une accélération finale. On pense forcément à une fin bâclée et à une nécessité de vouloir en caser le plus possible, et c’est dommage !

Je ne le savais pas au moment de commencer ma lecture, mais il s’avère qu’une adaptation de ce livre est sortie au cinéma il y a quelques semaines ! N’ayant pas de ciné à proximité immédiate de ma maison, et ayant 2 enfants, je ne suis plus très sensible aux sorties ciné… depuis environ…euh…5 ans ! Bref, je suis bien souvent déçue par les adaptations des romans que j’ai aimés, mais je viens de visionner la bande annonce du film de J-P Rouve, et je me dis qu’à l’occasion j’aimerais bien le voir. Je suis quand même contente d’avoir vu la bande annonce seulement après avoir terminé le bouquin, sans quoi j’aurais calqué le visage des acteurs sur les personnages, alors que de moi-même je les ai imaginés vraiment différemment. Pour l’anecdote, j’ai toujours regretté d’avoir le visage de Depardieu comme seule référence en lisant Germinal…

One Response »

  1. Je pense que ton prochain article parlera de livres :) et plus particulièrement du Salon du Livre :) Je ne te demanderai donc pas sous ce post comment s’est passée ta journée avec poussin :) sur Paris.
    C’est marrant la coïncidence de savoir que tu as lu un livre qui vient d’être adapté au cinéma… quoique… justement les libraires mettent souvent en avant les livres qui viennent d’être adaptés.

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