La semaine dernière, nous deux poulettes ont été croquées par un renard. Mortes toutes les deux, la nuit, parce qu’on a oublié de fermer le poulailler… Une grosse boulette que nous regrettons évidemment beaucoup.
C’est arrivé dans la nuit de mardi à mercredi, et c’est Papa-des-Champs qui a fait la triste découverte au petit matin. Heureusement, il allait à Paris ce matin-là, et il est donc parti de bonne heure, pendant que les enfants et moi dormions encore. Les enfants n’ont pas eu à voir Chou et Fleur sans vie dans le jardin, au milieu d’un champ de plumes… N’importe quel autre jour, ils seraient sortis en même temps que leur père ou que moi, et nous aurions découvert le carnage tous ensemble : l’horreur ! Bref, mercredi Papa-des-Champs a pu tout enlever avant de partir à la gare, il m’a ensuite prévenue par sms, et j’ai pu gérer au mieux l’annonce de la mauvaise nouvelle aux enfants. J’ai préféré attendre le midi pour leur expliquer ce qui s’était passé. Je me voyais très mal les préparer pour l’école et les consoler en même temps, ni répondre à leurs éventuelles questions alors que nous sommes toujours un peu juste sur le timing matinal.
Pour ma part j’ai passé une matinée bien pourrie ce mercredi. Triste d’avoir perdu mes poulettes, triste de penser au futur chagrin des enfants, et à me demander comment aborder le sujet avec eux. L’objectif étant notamment de ne pas créer une psychose autour du renard. Renard qui sur le coup a été un énorme vilain, mais qui n’a fait que son boulot de renard… et dont les enfants n’ont rien à craindre.
A ma grande surprise, Poussin et Belette ont plutôt bien accepté la nouvelle. Au début, ils ont même pensé que je plaisantais… J’admets avoir parfois un humour un peu douteux, mais pas à ce point-là ! J’ai donc reformulé plusieurs fois, pour être sûre et certaine que les deux comprennent bien. Ils ont posé quelques questions, ils ont eu l’air un peu déçus, mais vraiment pas beaucoup. Pendant le repas qui a suivi, ils ont parlé des prénoms de nos prochaines poules, mais il n’y avait pas vraiment de tristesse dans leurs propos. J’ai été étonnée, parce que souvent ils se montrent plutôt sensibles envers les animaux, et j’étais même persuadée que leur chagrin exploserait un peu plus tard, une fois la nouvelle digérée. Finalement non ! Quelque part tant mieux, je préfère qu’ils vivent les choses sereinement.
Nous avons enterré Chou et Fleur vendredi, en famille. C’est l’option qui nous a paru la plus cohérente. Ces poules étaient plus des animaux de compagnie que des animaux de basse-cour, et c’est de toute façon ce que les enfants attendaient. Ils n’auraient pas compris que l’on se contente de jeter leurs dépouilles (que nous n’avons pas voulu leur montrer, surtout après un passage par les crocs du renard… je n’ai pas voulu voir moi non plus d’ailleurs !), et nous n’aurions pas été à l’aise avec cette idée de toute façon. J’imagine que les gens qui vivent à la campagne depuis longtemps et qui perdent des poules n’en font pas autant, mais vraiment nous avions de l’affection pour ces petites bêtes.
L’enterrement a eu lieu dans la forêt, tout simplement pour éviter qu’un renard ou un autre animal ne vienne creuser dans notre jardin… Oui, c’est un détail un peu sordide ! Nous avons prétexté un truc bidon pour justifier le choix de la forêt auprès des enfants, et voilà ! Heureusement les routes sont peu fréquentées chez nous, et personne ne nous a vus entrer dans les bois tous les quatre avec notre boîte en carton et notre pelle à la main…
Nous avons dit un dernier au-revoir à nous poulettes, en évoquant quelques souvenirs. Chacun a pu raconter ce qu’il aimait chez Chou et Fleur, ce qui l’avait fait rire, ce qu’il n’oublierait pas. Leurs bons oeufs, leur façon de se baisser en écartant les ailes pour avoir des caresses, les fois où elles ont réussi à entrer dans la maison pour chiper les croquettes du chat, le jour où elles ont chapardé le pain que Belette tenait dans sa main, leurs côt-côt quand elles venaient de pondre…
Et puis nous avons déposé quelques fleurs sur leur toute petite sépulture avant de repartir. Les enfant ont dit qu’ils étaient quand même tristes, et c’est vrai qu’ils ne faisaient pas trop les fiers. C’était un joli moment, cet enterrement de poules, fait de mélancolie toute douce. Pas de gros chagrin, mais une émotion pleine de tendresse pour notre petite poule rousse et notre petite poule noire.
Je ne sais pas encore quand, mais nous reprendrons bientôt deux poules.