Au début, les trajets en voiture avaient tendance à endormir les enfants. Pratique, lorsqu’on pense aux difficiles endormissements de Poussin quand il était tout bébé. Le problème, c’est que ça ne durait jamais bien longtemps. Au bout de 45 minutes, grand max, il se réveillait et ne s’endormait plus de tout le trajet. Pire, il passait alors en mode « je chouine, puis je pleure ». Pour couronner le tout, le moindre arrêt provoquait son réveil… Même pendant les fameuses 45 minutes de dodo… Il fallait donc croiser les doigts pour ne pas avoir de feu rouge, et maudire les arrêts au péage ! Un vrai bonheur ! Heureusement, c’était un peu moins difficile avec Belette, qui a toujours été une marmotte. Son truc à elle était plutôt de se tortiller dans son siège pour tenter de se libérer du harnais. Inutile de préciser que ça l’agaçait de ne pas réussir, et que ça nous stressait d’imaginer qu’elle puisse se détacher…
Bref, les bébés en voiture, ça ne me manque pas !
J’aimerais beaucoup privilégier la marche ou le vélo, mais c’est malheureusement assez peu compatible avec les trajets quotidiens en zone rurale. Clairement, nous sommes trop loin de l’école, et trop en hauteur (c’est chouette d’habiter sur une colline, mais pas super pratique pour y monter à vélo plusieurs fois par jour) pour se passer d’une voiture. Quant aux activités pour lesquelles il faut faire 20 km, n’y pensons même pas ! Alors autant mettre à profit nos trajets . Ils sont autant de merveilleuses occasions de mettre de la musique, écouter la radio (ou plus exactement, essayer de faire taire les enfants pour espérer suivre le fil d’une émission) et surtout, discuter.
La photo est tellement représentative de nos trajets en voiture, j’aurais eu tort de passer à côté !
Tous les sujets y passent, des conversations les plus palpitantes (par exemple le nombre de fois où Machine a été punie à la danse, la composition de l’équipe de la dernière balle-au-prisonnier, l’énorme gros mot prononcé par Bidule pendant la récré…), aux questions les plus méta-physiques sur le fonctionnement de l’univers. Parfois, je me laisse emporter par de grandes explications philosophiques et j’adore ça, parfois je suis fatiguée et j’élude. Il arrive aussi que je sois d’une incompétence crasse. Dans ces cas-là, on projette de consulter internet ultérieurement, ou de demander au papa. C’est surtout valable pour tout ce qui concerne les sciences. Variante, si c’est sur le trajet de l’école et que ça concerne le mode de vie des bestioles de la forêt, il m’arrive de tenter un petit « Tu demanderas au maître, il sait certainement » !
Régulièrement, nos discussions me font aussi beaucoup rire. Soit parce que c’est vraiment drôle, soit parce que les questions ou remarques des enfants sont particulièrement décalées, complexes, ou hors-sujet. Par exemple Poussin, qui soudain se résout à nous demander : »Mais en fait, Emmanuel Macron, il est de droite ou de gauche ??! ». Bon, celle-là était facile, nous ça fait un moment qu’on a tranché ! La complexité est arrivée juste après, quand la petite sœur a voulu qu’on lui explique la différence entre la droite et la gauche… Belette, toujours, m’a récemment conseillé d’enlever les plaques d’immatriculation de la voiture, ou au moins de les cacher. Pourquoi ? Parce que je venais de répondre à sa question sur le fonctionnement des radars automatiques. Cette enfant a une sainte horreur de la lenteur en voiture, d’ailleurs c’est toujours la première à nous inciter à doubler… de préférence quand on est en plein virage avec des camions qui arrivent en face. Belette est un danger public !
Il y a également des moments très très très pénibles où je suis obligée de râler pour que les enfants arrêtent de se chamailler, de se pincer, voire de se mordre (Belette est une adepte de la morsure), ou de se couper la parole (surtout lorsqu’il s’agit de raconter un truc absolument inintéressant survenu dans la cour de récré et pour lequel chacun veut me donner sa version…). Je m’agace aussi facilement de leur vilaine manie qui consiste à annoncer chaque lieu devant lequel nous passons. Je m’explique : ils ont pris la très mauvaise habitude de commenter, de concert, certains lieux situés sur nos trajets réguliers. Ça donne des trucs très chiants comme par exemple deux enfants qui beuglent en chœur: « le château », « la maison rose » (qui est devenue orange depuis…), « la bibliothèque », « la maison d’Untel », « la dame pas aimable à sa fenêtre » (oui, elle fait partie du décor !)… Je vous assure que ça peut devenir très vite très agaçant. Ceci dit, j’accepte bien volontiers de m’extasier avec eux sur « les bébés veaux trop mignons » dans les prés, les chevreuils, les écureuils et les chatons qui nous coupent régulièrement la route.
Moins drôle, pas plus tard qu’hier c’est un frelon qui s’est invité dans la voiture. Heureusement, on a pu s’arrêter sur le premier arrêt de car venu pour le dégager (et qu’on arrête tous de brailler !).