Tous les trois

Tous les trois

Notre première journée rien que tous les trois a eu lieu quelques jours après la naissance de Belette. Le papa avait été obligé d’interrompre son congé paternité juste une journée, pour bosser sur un truc mega-important-qui-ne-pouvait-pas-attendre. Je n’étais pas très rassurée à l’idée de m’occuper toute seule de deux enfant, un tout petit et un pas-bien-grand qui était alors en mode archi-pot-de-colle. Certes, j’avais eu quelques mois pour me préparer psychologiquement, mais sur le moment c’était quand même un peu étrange.
Finalement, je me suis vite rendu compte que ce n’était pas si terrible. Cette première journée à trois s’est même très bien passée. Chacun a reçu l’attention dont il avait besoin, personne n’est mort de faim, et le papa a eu la chance de câliner des enfants tout propres après son travail. Mission accomplie !

Ce jour-là nous avons aussi joué à la dînette, rien que tous les trois. Tout naturellement, Poussin a fait semblant de faire boire du thé à sa petite sœur et de lui offrir de délicieux faux gâteaux. Evidemment, Belette n’en avait strictement rien à cirer… et moi je surveillais les gestes de Poussin.  Je l’encourageais même carrément à faire tout doucement et à surtout ne JAMAIS rien mettre pour de vrai dans la bouche de sa sœur ! Ni dans son nez, ni dans ses oreilles, ni nulle part ! Quoi qu’il en soit, ce fut un chouette moment.

Au fil des mois, ces jeux ont perduré. Belette était le patient (parfois malgré elle) et Poussin le docteur, elle faisait le public et lui l’artiste, l’élève et lui le maître… Parfois c’était moins évident, et je devais presque me dédoubler. Jouer aux playmobils avec l’un et faire des marionnettes pour déclencher les premiers rires de l’autre, fabriquer des merdouilles œuvres en pâte à modeler avec le grand, et bercer d’un pied le transat de la toute petite qui commençait à trouver le temps long.
Il y a eu des journées heureuses et  tendres, une toute petite fille qui dormait dans l’écharpe de portage tandis que son frère glissait sur un toboggan 48 fois de suite, des centaines, des milliers d’histoires lues avec un enfant sur chaque genoux (ça, ça arrive encore !)… Bien sûr, il y a aussi eu des journées plus que pourries : celles où j’ai compté les heures avant le retour du papa, celles avec des siestes complètement ratées où pas un ne s’est endormi, celles où j’ai été terrassée par la migraine alors que les enfants, eux, étaient en pleine forme…

Aujourd’hui encore, il y a des journées plus agréables que d’autres. Dans l’ensemble, c’est quand même moins difficile que lorsqu’ils étaient tout petits, il faut bien l’avouer. Nous avons l’habitude d’être tous les trois, et notre petit trio fonctionne plutôt bien. Evidemment c’est encore mieux quand le papa est là et que la famille est au complet, mais nous savons tirer profit de nos moments à nous trois.

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Depuis deux ans, le papa va travailler à Paris une journée par semaine (départ à 5h45, retour à 21h45), et malgré les premières réticences des enfants, on s’y est fait. Pour que ce soit plus léger et joyeux, on en profite généralement pour faire ce qui agace le papa : on met de la musique « ringarde » de bon matin (j’appelle ça l’initiation « chanteurs morts », à base de Joe Dassin et de Michel Delpech…), on chante à tue-tête dans la voiture, on chuchote pendant tout un repas, ou alors on se met à parler très très fort (ce qu’on ne pourrait pas faire en appart !) et on rit comme des baleines de nos idioties. Souvent, entre deux éclats de rire, il y en a toujours un pour dire « heureusement que Papa n’est pas là ». Le lendemain on lui raconte nos bêtises et ça le fait marrer, parfois aussi ça le navre et ça nous fait encore plus rire !

Les premières fois que le papa a du s’absenter plusieurs jours d’affilée, ça a été un peu plus compliqué, mais là encore on s’est adaptés. Je sais maintenant me débrouiller toute seule avec le poêle pendant toute une semaine, ce qui n’était vraiment pas gagné ! Mieux que ça, je sais même le rallumer quand il s’éteint ! Je ne m’en serais pas crue capable il y a encore quelques années…mais en plein mois de janvier c’est presque une question de survie !

L’année dernière, le papa a été obligé d’aller travailler à Paris pendant tout le mois de septembre. Ça a été un peu plus compliqué, même s’il rentrait le week-end. Le plus difficile n’a pas été d’être seule avec les enfants, ni de gérer  la logistique de la rentrée, au contraire, j’ai trouvé ça plutôt grisant de me rendre compte que j’étais capable de tout faire toute seule. Si bien que le week-end chacun avait un peu de mal à retrouver sa place. De mon côté, j’avais du mal à accepter de ne plus être le seul maître à bord. Je crois même que j’ai eu peur de m’habituer à cette situation, et à considérer comme normal le fait de vivre en maman solo. Il faut dire aussi que c’était une période difficile pour le papa et que le stress le rend assez pénible à vivre (mais on l’aime quand même !).

Le côté positif de tout ça, c’est que je me fais bien plus confiance au fil du temps. Je suis beaucoup moins réticente à faire de grosses sorties seule avec les enfants.  Il faut dire aussi qu’ils grandissent et qu’il est devenu plus simple de les trimbaler ! Cet été nous avons fait deux escapades en train à Paris, rien que tous les trois, et c’était chouette. Nous avons même survécu au Louvre et à Notre Dame en pleine canicule, c’est dire ! Par contre, je n’ai pas réussi à faire diversion devant les chatons dans le formol du musée d’histoire naturelle (aussi appelé « le musée des squelettes » par Belette !). Oups.

Cette fin de semaine, le papa est en classe de mer séminaire de rentrée à Biarritz. On aurait bien aimé décaler la rentrée pour y aller avec lui, mais ça n’a pas été possible… Tant pis, après tout on s’amuse bien aussi tous les trois !

9 Responses »

  1. Oh <3 je me reconnais dans bcp de choses!
    On est une triplette :p et on fonctionne bien et quand papa arrive il y a quelque chose qui se modifie.
    Notre mode de fonctionnement se change (inconsciemment) pour inclure le membre "extérieur".
    Mais on a vraiment un groupe de "3" avec nos habitudes, nos fonctionnements.. un petit monde à nous. (puise dans notre cas tous les jours papa pars tôt et rentre que le soir)

    Et comme tu le dis y'a les jours heureux et joyeux et les jours où on est content quand l'uatre revient.
    Plus ils grandissent plus c'est facile en effet :) et même les déplacement pros qui m'effrayaient quand ils étaient plus petits sont bcp plus faciles.

    bref bonne route à tous les 4 avec d'autres jolis moment pour cette nouvelle année scolaire.
    et il a bien de la chance d'être à Biarritz quzand même lool.

    • C’est joli, une triplette :)

      Dans la série les injustices de la vie : ce soir, le papa qui appelle depuis une terrasse en bord de mer… pendant que je préparais un repas gastronomique à base de quinoa/boulgour/courgettes… Très bon, certes, mais qui n’égale pas un petit verre de blanc sur fond d’air iodé !

  2. Huhu, c’est marrant car j’étais avec une amie hier soir qui a aussi deux petites filles et on parlait du « tiers » (qui devrait être le « quart » mais bon passons). De se rendre compte que lorsque je ne suis pas là, les filles filent droit, ne négocient pas, et sont couchées plus tôt et il en est de même si c’est Juliette qui est absente. Tandis que lorsque nous sommes toutes les 4… c’est une autre histoire. Étrange… et c’est pareil pour mon amie et ses filles. Pour autant, nous sommes ravies d’avoir nos conjoints ;)
    Longue vie à votre « triplette » !

    • Et oui, le moindre « déséquilibre familial » change l’ambiance. C’est valable aussi quand un enfant est absent, celui qui reste est beaucoup plus cool !

      • Oui, c’est vrai et nous sommes plus détendues et on ressasse : « qu’est-ce que c’est simple de ne s’occuper que d’un enfant ! »

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