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J’ai 30 ans et tout va bien

J’ai 30 ans et tout va bien

Depuis hier j’ai 30 ans et tout va bien !

Enfin honnêtement c’était un peu une journée de merde, mais ça n’a rien à voir avec mon anniversaire. C’est juste parce que j’avais un début de crève et que j’étais donc fatiguée, que la fatigue m’a rendue maladroite et que j’ai renversé plein de trucs : la casserole de lentilles qui déborde, le lait de coco qu gicle partout, un carton plein de petites boules biodégradables renversé dans la cuisine, la mooncup vidée sur les chaussons… La bonne grosse loose ! Les enfants ont un été un peu fati-chiants eux aussi, à chouiner sans raison pour l’une, à exiger des trucs pénibles pour l’autre et à se disputer parce que Belette ne voulait pas dessiner sur le côté ardoise pendant que son frère écrivait sur le côté tableau blanc… Ajoutons à cela un Papa-des-Champs soucieux à cause d’une mise-en-prod’ foireuse au boulot, et bougon à force de tousser. Bref, le jour de mes 30 ans ne restera pas dans les annales mais ce n’est pas bien grave. Dimanche j’ai eu un goûter bougies-champagne chez mes parents, c’était chouette et j’ai déjà été bien gâtée. Samedi prochain nous poursuivrons avec un resto en amoureux, puis au mois de mai j’aurais plein d’invités et une vraie fête dans le jardin ! Largement de quoi oublier mon lundi pourri !

Le cadeau de mes chatons d'amour, avec leurs empreintes de patounes décorées et décorées à l'intérieur !

Le cadeau de mes chatons d’amour, avec leurs empreintes de patounes décorées et collées à l’intérieur !

J’ai 30 ans et tout va bien !

Bizarrement, quand j’étais petite il m’est arrivé de penser à ce que serait ma vie à 20 ans, mais je n’ai jamais réellement anticipé mes 30 ans. Essentiellement parce que pour moi, la trentaine c’était ni plus ni moins qu’un truc de vieux… J’avais l’image de mes parents qui à 30 ans étaient déjà en couple avec des enfants, le même boulot depuis un moment, un endroit pour vivre, un entourage stable, et d’après moi aucun gros projet. De mon point de vue, à 30 ans la vie était comme un gros bateau de croisière. Stable, calme et avec une route toute tracée… C’était donc un peu flippant de platitude. Je n’ai jamais eu peur de vieillir, mais disons que ça n’avait pas l’air très rock’n’roll.  Inutile de maintenir le suspens plus longtemps, aujourd’hui ma vision des choses a bien changé !!!

J’ai 30 ans et tout va bien !

Si moi aussi j’ai un mari, des enfants et une vie plutôt installée, je ne me sens pas finie pour autant. A l’aube de mes 20 ans je ne savais pas où j’allais, et si j’avais un panel de choix hyper large, prendre une décision importante était difficile. Choisir où habiter quand on ne sait pas ce qu’on veut faire, pas évident. Choisir un métier quand on ne sait pas où on habitera, avec qui, et à quel moment on fera des enfants, pas facile non plus. Choisir de faire telles études sans savoir ce qu’on voudra faire après, compliqué. Avec le recul je suis satisfaite de tous les choix que j’ai faits et je ne regrette rien du tout, mais sur le moment j’ai beaucoup choisi au pif ! Je n’ai jamais réellement angoissé sur les décisions que j’avais à prendre, mais la plupart ont été prises au petit bonheur la chance. Et il y a des options que j’ai balayées d’un revers de mains parce qu’elles présentaient trop d’incertitudes. Même en faisant mes choix à l’arrache et au pif, j’aime bien savoir un peu où je vais.

C’est un peu pour ça que maintenant j’ai 30 ans et tout va bien !

J’ai l’impression que c’est plus facile de choisir aujourd’hui, parce que j’ai un socle qui me permet de savoir où je vais. Mon mari, mes enfants et notre vie de famille constituent ce socle qui me rassure tellement. Quand je décide de changer de maison ou d’entamer un nouveau boulot, je sais un peu mieux où je vais. Maintenant que j’ai cette base je me sens finalement  beaucoup plus libre ! J’ai le principal, et à partir de là je vais où bon me semble. C’est rassurant. Et quelque part j’ai le sentiment que c’est là que ma vraie vie d’adulte commence vraiment. Avant, c’était ma genèse. La rencontre avec Papa-des-Champs, mes études, notre mariage, nos déménagement et nos enfants, c’était l’épisode pilote ! A partir de là, tout peut arriver.

J’ai 30 ans et tout va bien !

Evidemment, maintenant que j’ai deux enfants et un minimum de responsabilités, tout plaquer pour suivre la première lubie qui me passe par la tête, c’est moyennement envisageable. En même temps, ce n’était déjà pas trop mon truc à 20 ans. Prendre des décisions sans réfléchir longtemps oui, mais me lancer dans des projets de folie non. C’est très certainement pour cette raison que la trentaine ne m’effraie pas. Au contraire je me sens beaucoup plus audacieuse. Ma petite base affective, mes fondations solides me sécurisent et me donnent de la force. J’ai moins peur de ne pas savoir où je vais, puisque je ne suis pas seule et que j’aurai toujours ma famille comme refuge.

J’ai 30 ans et tout va bien !

Fatiguée

Fatiguée

Je suis fatiguée ! Même si mon temps de sommeil est plutôt correct, même je n’ai pas non plus une activité débordante, même si depuis la rentrée j’ai gagné un peu de temps calme…

Je suis fatiguée de toujours penser au linge à laver, de faire la liste des courses, de regarder l’heure qu’il est pour avoir le temps de préparer le repas, de ranger ce qu’ils ne cessent tous de déranger… Fatiguée quand Papa-des-Champs a des réunions à Paris, des réunions à l’école, et passe 3 samedis de suite à couper du bois. Parce que pendant ce temps-là je fais tout le reste et que les enfants sont en pleine forme, eux ! Je suis fatiguée et comme toujours ça se répercute physiquement : l’oeil qui pique, la paupière qui rougit, puis un minuscule bouton qui picote. Celui que j’avais eu quelques semaines après la naissance de Poussin a mis plus d’un an à partir, j’espère que celui-ci sera plus rapide…

Je suis fatiguée de gérer les énervements et l’humeur terrible de Poussin, de faire tout ce que je peux pour essayer de l’apaiser et de l’écouter, et d’avoir l’impression de devoir me mettre en colère à mon tour pour qu’il accepte de m’écouter. Et je suis frustrée parce c’est tout ce que j’aimerais éviter… Je suis fatiguée aussi par Belette qui entre à pieds joints dans cette charmante période que l’on nomme terrible twoo. Et qui manifeste son désaccord par un horrible cri strident qui donne mal à la tête. Papa-des-Champs pensait que j’exagérais mais il a vite compris sa douleur quand Belette a braillé juste derrière lui dans la voiture ! Je suis enchantée d’assister à ses progrès quotidiens et à ses mignonneries, mais fatiguée de l’entendre hurler à la moindre frustration.

Je suis fatiguée et j’aimerais une journée rien qu’à moi. Au chaud et à ne rien faire. Comme quand j’avais plein de vacances et que nous n’avions pas d’enfants. Traîner au lit, naviguer sur des tas de sites pourris, grignoter à n’importe quelle heure devant mon écran, lire autant que je veux roulée en boule sous mon plaid, prendre une douche brûlante en prenant mon temps, paresser…

Je suis fatiguée et j’attends avec impatience notre week-end prolongé à Bordeaux. Parce qu’en plus de tout un tas de trucs chouettes,  nous serons deux parents pour nous occuper des enfants et que pendant 4 ou 5 jours je n’aurais plus besoin de vider ou de remplir la machine à laver ! Il y aura bien sûr 5 jours de linge sale à rattraper à notre retour mais je préfère de pas y penser tout de suite… ll y aura les enfants à gérer ailleurs qu’à la maison, Belette à faire dormir dans une nouvelle chambre, et Poussin qui fera le chaton craintif dès que quelqu’un s’approchera de lui, mais on va dire qu’au bout de quelques jours ils s’adapteront. Bon, il y aura aussi la route de nuit, une grande première pour eux, et la fatigue que ça risque d’engendrer… Mais la journée c’est déjà tellement difficile pour Belette, qui dort maxi 45 mn même si le trajet dure 4 heures, et qui passe ensuite son temps à râler… Au mieux la nuit elle pioncera un peu plus dans la voiture, au pire ça ne changera pas grand chose mais on profitera d’une journée de vacances en plus. On peut aussi arriver, dire bonjour, décharger le lit parapluie, laisser les gnomes dans les bras de leur mamie et se casser en courant pour ne revenir que 3 jours plus tard ! Je plaisante, je plaisante, mais ça reste une bonne option de secours !

Je suis fatiguée et si ces quelques jours en famille ne me reposent pas, dans à peine un mois nous partons pour notre week-end à Londres et ça me met en joie ! Trois jours en amoureux à faire rien que des trucs chouettes, à notre rythme, sans penser à rien d’autre qu’à nous faire plaisir, c’est pile ce qu’il me faut ! Même si nous zapperons les grasses mat’ pour avoir le temps de bien profiter de la ville, trois jours à nous occuper que de nous ce sera apaisant. Tant pis si nous revenons claqués d’avoir marché des kilomètres sous la pluie (à Londres le 15 novembre je me m’attends pas à beaucoup mieux !), nous serons tout ressourcés.

Je suis fatiguée et j’ai du mal à trouver mes mots. Je suis fatiguée mais j’aime passer une partie de mes soirées à bricoler des cadeaux de Noël pour les enfants. Je suis fatiguée et j’ai hâte d’être à samedi pour laisser Belette à sa mamie pendant nous passerons une journée spéciale-Poussin à la ville. Pas que je cherche à me débarrasser de ma fille, mais il s’agit de l’habituer un peu à passer du temps sans moi avant notre week-end londonien, et d’en profiter pour faire des trucs de grand avec son frère. Et mine de rien, une journée avec un seul enfant c’est reposant, même s’il ne fera pas de sieste ! Surtout quand il s’agit de l’enfant qui sait parler, n’a besoin ni de poussette ni de bras, n’a pas besoin de chaise haute au resto et peut utiliser des toilettes.

Je suis fatiguée et j’espère que Belette va dormir encore un peu pour que je puisse comater moi aussi !

 

Oui, parfois elle dort comme ça !

Oui, parfois elle dort comme ça !

Ah, mes oreilles m’informent que Belette n’est plus fatiguée ELLE…

Etre leur maman

Etre leur maman

Etre leur maman, c’est une bonne dose de câlins matin, midi et soir, c’est leurs petites mains dans les miennes quand on entend une voiture qui approche, c’est chanter à tue-tête Savez-vous planter les choux. Etre leur maman c’est aussi essuyer les gouttes de compote sur la table, se tremper les genoux pendant qu’on les douche, leur répéter vingt fois par repas de ne pas taper leurs coudes sur la table, ramasser les feutres qui roulent et tombent tout le temps par terre. Etre leur maman c’est choper leurs microbes et traîner un rhume depuis une semaine, quand eux n’ont été malades qu’une demi journée…

Etre la maman de Belette c’est l’aider cinquante fois par jour à changer la couche de son bébé (je serais elle, je l’emmènerais voir un docteur, parce que là vraiment y’a un truc qui cloche !), c’est lui expliquer à longueur de journée que non, on ne se brosse pas les dents chaque fois qu’on entre dans la salle de bain,c’est lui donner des petits bouts de légumes crus pendant que je prépare le repas, embrasser ses pieds pour la faire rire après chaque bain. Etre sa maman c’est aussi regarder et commenter le même imagier des animaux de la ferme une dizaine de fois par jour, remettre puis enlever, et remettre puis enlever, et remettre une dernière fois le nouveau bonnet de Kiki (merci Mamie !), et c’est aussi réussir à comprendre ce qu’elle veut alors que son vocabulaire ne comporte pas plus de 3 mots. C’est rire avec elle quand elle se cache derrière sa commode, l’empêcher de lécher les vitres, et essayer de faire des couettes symétriques. Etre sa maman ça ressemble parfois étrangement à être la maman de son frère quand lui aussi avait 18 mois. C’est lire les mêmes livres, surtout celui sur les bruits des oiseaux, et c’est la féliciter lorsqu’elle arrive à imbriquer les petites formes en bois dans la grande tortue.

Etre la maman de Belette c’est aussi être là quand elle a peur. Samedi, c’était l’accueillir tout contre moi quand, en apercevant la guitare de son papa, elle s’est jetée dans mes bras. La câliner tout plein, mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, la rassurer, lui dire qu’elle ne risquait rien, la garder longtemps comme ça, en caressant doucement ses cheveux. Etre sa maman à ce moment-là c’était chouette. Et ça m’a rendue fière, parce qu’il y a encore quelques mois Belette s’enfuyait en hurlant comme un putois dès qu’elle voyait la guitare. Samedi elle a choisi de rester dans la pièce et de regarder ce qui lui faisait peur. Avec un petit hoquet dans la respiration et quelques petits miaulement, mais surtout en faisant des bras de sa maman le meilleur abri du monde. Et y’a pas à dire, mais être le refuge choisi par la plus mignonne des belettes à couettes, c’est sacrément gratifiant ! Etre la maman de Belette et sentir sa peur s’envoler à force de câlins, la savoir courageuse grâce à ma présence, vivre avec elle cette grande émotion, lui chuchoter toute la tendresse qu’elle m’inspire… Etre la maman de Belette et se sentir utile, ça fait tout chaud dans le coeur.

Kiki s'est fait rhabiller pour l'hiver !

Kiki s’est fait rhabiller pour l’hiver !

Etre la maman de Poussin c’est insister pour qu’il se lave les mains en rentrant de l’école, lui répéter 20 fois de faire attention avec ses manches au-dessus de l’assiette, lui dire de ne pas faire couler l’eau trop longtemps, lui courir après chaque matin pour le coiffer au moins un peu. Etre la maman de Poussin c’est aussi le câliner en regardant un épisode de Pierre Lapin sur l’ordinateur, lui raconter des histoires d’ours et d’autres avec des petites souris, c’est l’autoriser à se servir tout seul du lecteur CD du salon, danser comme une folle avec lui, et écouter en boucle Anatole (en vrai c’est un abécédaire écrit par Boris Vian et chanté par Debout sur le zinc). C’est répondre à ses questions pertinentes sur les dinosaures et sur les noms des animaux, c’est lui répéter qu’il dessine super bien et qu’il ne doit pas avoir peur de rater, et m’extasier réellement sur son coloriage qui ne déborde pas. Etre sa maman c’est rire de ses grimaces et l’amuser en faisant des voix rigolotes, passer plus de temps à faire le ménage chez les Playmobils que dans ma propre maison, lui raconter des histoires qu’il récite en même temps que moi tellement il les connaît par coeur. C’est lui rabâcher que s’il ne veut pas avoir d’eau dans les yeux il a qu’à pencher la tête en arrière et fermer les yeux. Et surtout FERMER LES YEUX !!!

Etre la maman de Poussin c’est aussi avoir réussi à apaiser ses couchers et en être drôlement contente ! Parce que depuis un bon moment, Poussin nous rappelait facilement une ou deux fois le soir, dans un créneau qui allait de 5mn à 55mn après le rituel histoire-câlins-bisous. En hurlant de préférence, pour être bien certain qu’on raboule le plus vite possible… Et être la maman de Poussin, l’entendre brailler, aller le voir, le découvrir tout sourire, l’entendre nous conter des histoires de cauchemar (5 mn après lui avoir dit bonne nuit, un énorme sourire au coin des lèvres, hyper crédible !) ou nous demander un dixième bisou-qui-fait-pas-de-bruit, ben c’est un peu pénible. Essayer de discuter, de le faire parler, de comprendre ce qui ne va pas, essayer la fermeté, revenir à la douceur, s’énerver un peu, et voir que rien ne fonctionne… Dimanche soir, être la maman de Poussin a consisté à avoir l’idée du siècle en lui proposant de lui laisser un truc à moi sur sa table de nuit, pour être un peu avec lui même si je ne suis pas dans sa chambre la nuit. Je pensais à mon bracelet ou à mon doudou en forme de rat ; j’espérais qu’il ne réclame ni mon Kindle ni une de mes bagues… Il a finalement demandé un livre. J’avais donc eu un peu raison de trembler pour mon kindle, et j’étais ultra flattée que mon fils symbolise ma présence par celle d’un bouquin ! Etre la maman de Poussin à ce moment-là c’était chouette et ça voulait dire qu’il me connaît bien. Je lui ai donc proposé mon livre préféré : Les Fleurs bleues de Queneau. J’aurais pu choisir Belle du Seigneur ou Le Dernier jour d’un condamné, mais les aventures délirantes du Duc d’Auge et de Cidrolin me semblaient plus appropriées. La couverture de l’édition de poche a bien plu à Poussin. On a regardé ensemble le cheval et le morceau de bateau, il a reconnu le P de Papa et de Papi, et il a décidé de coincer le bouquin dans un coin du matelas, juste à côté de sa tête. Avant il l’a feuilleté un peu, et nous avons remarqué qu’il n’y avait pas d’images. Alors Poussin m’a dit qu’il le lirait quand il sera grand. Là encore, être la maman de Poussin c’était génial ! Même si plus tard il trouve que mes livres sont trop nuls et que Queneau écrit n’importe comment, et qu’en plus on ne comprend rien à ces histoires de péniche et de cheval qui parle… Etre la maman de Poussin, depuis dimanche, c’est avoir un petit garçon qui n’appelle plus le soir et qui a de sacrés projets littéraires !

La couverture qui intrigue tout ceux qui ne l'ont pas lu !

La couverture qui intrigue tout ceux qui ne l’ont pas lu !

Etre leur maman c’est parfois magique. C’est difficile aussi, parce qu’il y a le quotidien, les petites crises, le rhume qui fait mal à la tête et les disputes pour rien. Etre leur maman c’est les aimer tout le temps, quoi qu’ils fassent, et être fière d’eux. Etre leur maman est le plus périlleux des projets, mais de loin le plus beau.

Je suis leur prisonnière

Je suis leur prisonnière

Un mercredi ordinaire, seule avec mes enfants de leur lever à leur coucher, et encore un peu plus. Rien de bien spécial à faire, presque pas de ménage ni de linge à gérer (soit je m’arrange pour être un minimum à jour, soit ça attendra), une fin de rhume pour les chatons, un soleil assez présent pour nous permette de passer pas mal de temps dehors. On a ri, on a joué, j’ai aimé qu’ils se cachent dans mon dos pour ensuite me faire des bisous à tour de rôle sur les joues, ils ont plutôt bien siesté et j’ai pu bouquiner un peu, j’ai respiré la merveilleuse odeur de leurs cheveux pendant nos câlins à trois, ils ont été hilares en jouant ensemble à cache-cache… Ils m’ont rendu heureuse mais ont aussi fait de moi leur prisonnière. Un mercredi ordinaire dans une prison de tendresse.

Comme tous les parents du mercredi (et des autres jours aussi !), j’ai répondu à leurs besoins, géré leurs agacements, essuyé leurs nez qui coulent, j’ai tenté d’apaiser leurs impatiences, j’ai nettoyé leurs becs plein de goûter, savonné leurs dos tellement doux, demandé cinquante fois de faire moins de bruit, joué selon leurs désirs.

Il y a des jours comme ça où je suis toute à eux, et où ça me plaît autant que ça m’aliène.  Prisonnière de leurs besoins et de leurs désirs. Aujourd’hui ça a commencé tôt, bien trop tôt même puisque Belette a atterri dans mon lit à 6h40, larguée entre mes bras ensommeillés par un Papa-des-Champs prêt à partir à Paris. (Et d’ailleurs si vous saviez comme j’envie parfois ses mercredis-paris où il n’entend aucun chouinement d’enfant et où il peut lire / dormir / glander dans le train !) Bref, j’ai donc reçu  dans mon lit un adorable paquet doux et chevelu, mais également tout chaud de fièvre et chouinassant. Un chouinement lancinant qui se mue en hurlement strident à la moindre contrariété… Une Belette qui se frottait trop les yeux pour avoir vraiment fini sa nuit, mais qui visiblement n’était pas non plus tellement décidée à dormir. Je crois qu’elle a quand même fini par sombrer puisque lorsque j’ai ensuite senti son petit doigt dans mon nez il était déjà 7h50. Trop chouette le réveil ! Et puis bien sûr ma captivité s’est poursuivie toute la journée. Encore à l’heure où j’écris ces lignes, je suis à la merci du babyphone qui pourrait m’appeler à tout moment, je limite le son de la radio, et j’irais ensuite prendre ma douche en traversant le couloir à pas de loup.

Ils ont réclamé à manger, l’une d’entre eux a même grogné jusqu’à ce que je lui présente son assiette de haricots verts, mais au bout de quelques bouchées n’en voulait déjà plus… Quelques heures plus tard elle m’a fait le même coup avec de la brioche (non, je ne cuisine pas hyper mal, mais rappelez-vous ils sont malades et n’avaient donc pas faim !). Ils n’ont pas mangé beaucoup de chocolat mais ont quand même réussi à s’en foutre partout… Telle une Blanche Neige qui ne servirait que deux nains j’ai rangé, épongé, nettoyé pour eux. J’ai répondu aux questions les plus farfelues de Poussin, j’ai expliqué pourquoi le Père Noël n’apporterait pas une seconde cuisinière en bois puisqu’il en a déjà une, j’ai dit que je n’achèterais pas d’iguane (mais où va-t-il chercher tout ça ???) mais qu’il pourrait bien sûr en avoir un chez lui plus tard. J’ai aidé à mettre des chaussettes aux nounours, j’ai fait glisser des Playmobils sur un toboggan 20 fois de suite pour ne pas éveiller le courroux de Belette, j’ai fait semblant de lui manger les mains avec la marionnette Louloup un peu pour les mêmes raisons, mais aussi parce que son rire est si éclatant quand le loup la croque ! J’ai été obligée de répéter encore et encore à l’un de ne pas mettre la langue quand je lui brosse les dents, à l’autre de ne pas bourriner sa main dans sa couche sale… Prisonnière des rituels j’ai du embrasser les doudous et répéter les formules magiques de ses nuits (« on est juste à côté, tout à l’heure Poussin va dormir dans la chambre d’à côté, et ensuite papa et maman dans la chambre encore à côté, allez, bonne nuit ma toute douce »). Un peu plus tard j’ai du faire des bisous « qui font pas de bruit » sur deux autres joues, puis encore quelques « bisous qui claquent », et rester sur le pas de la porte pendant qu’il me souhaitait « bonne nuit, dors bien, bonne couette, bon oreiller, bon matelas, bonne housse de couette »… J’y serais encore si je n’avais pas dit fermement que là ça suffisait !

Je suis la prisonnière de geôliers adorables, pénibles, malins, mignons, chiants, exigeants, rieurs et magnifiques ! De geôliers que j’aime plus que tout et qui m’apportent tant. Je suis une prisonnière qui s’est rendue toute seule, heureuse et souriante, avec des tonnes d’amour à distribuer !

** A peine avais-je terminé mon brouillon que Poussin m’appelait en hurlant pour un cauchemar, et après ma douche il ne s’était toujours pas rendormi…

Papa-des-Champs vient de rentrer, je vais me livrer prisonnière pour lui aussi ! Enfin lui il se démerde pour se laver les dents et s’essuyer la bouche !