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Touche pas à mon école !

Touche pas à mon école !

La semaine a été difficile, fatigante, stressante.

Sur les deux classes que compte notre école, une risque de fermer. Une école avec une seule classe, ça ferait peu. Je vous épargne les conséquences démographiques, économiques, écologiques, pédagogiques, sentimentales que cela aurait pour la commune et pour les enfants.

En une semaine, on a donc mis en oeuvre tout ce qu’on a pu. Nous toutes et nous tous, ou presque. C’était chouette de voir à quel point l’école compte pour les gens d’ici. Les gens du village étaient là, mais aussi ceux des villages d’à côté. Les gens qui habitent ici depuis dix générations, les néo-ruraux, les retraités originaires du pays et les anciens parisiens, les étrangers venus passer une retraite paisible à la campagne.

C’était chouette de voir que dès la première impulsion,  à partir du moment où la première action a été lancée, chacun s’est emparé du sujet, selon ses compétences et ses disponibilités. La pétition préparée dans l’urgence a très bien circulé, dans plein d’endroits différents, notamment grâce à nos spécialistes locaux du porte à porte ! Les banderoles se sont elles aussi déployées à une vitesse impressionnante ! Celles qui ont un peu souffert du vent ont été remises en place sur le champ. Des affiches ont été placardées partout, de nouvelles sont apparues grâce à des petites mains super efficaces. Les réseaux sociaux ont bien fonctionné, le bouche à oreille aussi.

Bien sûr, tous n’ont pas joué le jeu comme on l’aurait espéré. Bien sûr il y a eu quelques déceptions. Parfois des grosses. C’est comme ça. Il y a eu aussi tellement de bonnes surprises que ça compense presque !

Il y a des gens que je pensais appréciables et qui ne le sont pas.

Il y a des gens dont je ne me sentais pas spécialement proche et avec lesquels j’arrive désormais à me découvrir des affinités. Des liens se créent et c’est positif.

Cette semaine on n’a pas beaucoup dormi, d’ailleurs ça commence à se voir sévèrement.
Sachez toutefois que dans la nuit de mardi à mercredi, sur trois heures de sommeil (en fractionné, sinon c’est pas drôle !) j’ai réussi à rêver d’un chien robot extra-terrestre qui a fini par s’autodétruire. Oui… Et non, je ne prends pas de LSD. Fin de la parenthèse.

Il y a eu des larmes de fatigue, des larmes de soulagement, des larmes de déception, des larmes de colère… mais aussi des éclats de rire, des blagues pas drôles, du second degré pour se sentir mieux. Quelques ragots, évidemment, sinon quel serait l’intérêt d’habiter dans un petit village ?!

Il y a eu beaucoup de café, des plats qui ont refroidi parce que les téléphones sonnent toujours quand on est à table (c’est une règle universelle), des tonnes de trucs remis à plus tard.

J’ai dit beaucoup trop de gros mots, j’ai été irritable, maladroite et étourdie. Tant pis. J’ai fait comme les autres, j’ai fait ce que j’ai pu. Au final, à nous tous on a été plutôt efficaces. Rien n’est encore joué mais l’espoir est là. On a pétitionné, argumenté, on s’est rassemblés devant l’école. La semaine prochaine on essaiera le rassemblement façon manif, on fera du bruit, on montrera qu’on est là, on boira encore trop de café, on restera confiants et on envisagera l’avenir.

On tiendra le rythme, malgré la fatigue et le stress. On montrera qu’on est là et qu’il n’est pas question de baisser les bras.

Si toutefois vous avez envie de nous envoyer vos bonnes ondes et votre soutien, on prend !
Si vous avez des enfants en âge d’aller à l’école et envie de vous installer dans un village super chouette, dans un environnement super agréable, avec une super école, venez nous voir ! Nous avons de la place, des logements pour vous accueillir, du café pas trop mauvais (plusieurs tests ont été réalisés, vous pouvez nous faire confiance) et si vraiment vous insistez on peut aussi faire des cookies !

MàJ du 04 mars : J’édite, avec un peu de retard, pour revenir avec une bonne nouvelle. Notre classe est sauvée ! Certes, nous ne gagnons qu’un an de tranquillité, certes, à terme c’est toute l’école qui sera fermée si les effectifs ne remontent pas, certes, les évolutions concernant les petites écoles rurales ne sont pas très optimistes… n’empêche que sur le moment, à notre petit niveau, c’est un grand soulagement !

Mais vous ne vous ennuyez pas ?

Mais vous ne vous ennuyez pas ?

« Mais vous ne vous ennuyez pas ? » … C’est la petite phrase qui revient souvent dans la bouche des citadins qui apprennent que nous habitons en pleine campagne. Notons toutefois qu’elle revient également lorsque vous annoncez que vous ne travaillez pas (ou du moins pas à l’extérieur) pour vous occuper de vos enfants… Dans tous les cas, en ce qui me concerne, la réponse est non !

Bien sûr, et je ne m’en cache pas, j’aurais eu beaucoup de mal à vivre ici avant d’avoir des enfants. J’ai aimé ma vie d’étudiante puis de jeune femme à Paris, j’ai adoré pouvoir aller au resto, au théâtre ou au ciné plusieurs fois par semaine, et vivre au milieu de toute l’agitation de la ville. Mais ça c’était avant… Avec des enfants, quelques années de plus, et des envies qui ont évoluées, notre vie à la campagne me convient parfaitement. Et jamais nous ne nous ennuyons, bien au contraire ! Nous n’avons plus du tout les mêmes activités, tout simplement. Notre mode de vie est tel que nous manquons même de temps pour tout faire, et que nous pensons sérieusement à alléger l’emploi du temps familial pour flâner un peu plus et nous reposer.

Comme tous les parents, les activités qui concernent les enfants nous prennent évidemment beaucoup de temps. Peu importe le cadre de vie, vous imaginez bien qu’à 4 ans et demi et 2 ans et demi nos poussins occupent bien nos journées ! Mais il y a aussi le jardin, le potager, les arbres fruitiers avec tout ce qu’ils engendrent de confitures à préparer, les bricolages divers et variés… Les conseils d’école, l’assoc’ des parents d’élèves, le conseil municipal et le journal du village… Oui c’est Papa-des-Champs qui est élu, mais je suis la femme de l’ombre ne l’oublions pas ! Je l’avais déjà évoqué il me semble, mais le fait de vivre dans un petit village donne beaucoup plus d’occasions de participer à la vie locale. Là encore il nous faudrait encore plus de temps pour réaliser tous les projets qui nous tiennent à coeur !

Pour peu que l’on s’intéresse un minimum à ce qui nous entoure (et à ceux qui nous entourent !), nos campagnes regorgent de choses à faire. Et je ne parle pas (seulement) de foire au boudin ou de journée apéro-pétanque, que je fuis personnellement comme la peste !!! Dans la Nièvre, qui n’est pourtant pas spécialement réputée pour son dynamisme, nous trouvons pas mal de petits festivals culturels, de spectacles pour enfants ou d’associations intéressantes. La plupart du temps ces activités sont même gratuites, pour que tous puissent réellement en profiter. Ce qui est regrettable, c’est que certains n’y participent pas. Je pense ici à certaines familles du village qu’on ne voit jamais lors de ces activités et dont les enfants passent malheureusement plus de temps devant un écran que face au monde… Voilà pour la petite minute moralisatrice ! Ce que j’adore au contraire, c’est que nous y retrouvons des familles qui habitent certainement un peu plus loin et que ne voyons pas quotidiennement. C’est assez marrant de retrouver quelques têtes connues à chaque festival écolo ou chaque concert jeune public où nous aimons traîner nos guêtres.

Je ne dis évidemment pas qu’il y a ici autant d’activités que dans une grande ville, mais il y a assez d’initiatives pour ne pas végéter chacun chez soi. Encore une fois je suis également persuadée que peu importe notre lieu de vie, c’est notre volonté d’aller vers les autres et de bouger qui fait toute la différence ! Je crois même que nous n’avons jamais rencontré autant de monde que depuis que nous habitons ici ! D’ailleurs, ces personnes sont souvent très différentes les unes des autres, ce qui là encore est source d’enrichissement.

Notre vie ici est bien loin d’être ennuyeuse, et elle nous comble toujours un peu plus.

C'est quand même sacrément apaisant ce genre de paysages !

C’est quand même sacrément apaisant ce genre de paysages !

Faire campagne !

Faire campagne !

Les lendemains d’élections revêtent souvent une ambiance particulière. Que l’on soit dans la liesse ou dans la déception, j’ai toujours trouvé que les lundis post-élections étaient des jours bizarres. Il faut dire que la toute première fois que j’ai voté, à tout juste 18 ans, c’était le 21 avril 2002… ça laisse des séquelles ! Aujourd’hui d’ailleurs, je vous avoue qu’au niveau national les résultats des municipales ont de quoi m’inquiéter, voire me faire carrément flipper. Au contraire, à l’échelle de mon petit village de campagne, je suis archi-satisfaite de ces élections ! Je ne vais pas faire durer le suspens très longtemps : Papa-des-Champs a été élu conseiller municipal, avec une chouette équipe qui assure !

Cette bonne nouvelle est arrivée dimanche dernier, puisque dans les petits villages comme le nôtre il est courant d’être élu dès le premier tour. Je n’avais pas eu le temps d’en parler à cause d’une semaine bien chargée. Ici il n’y a que 310 votants, et il y avait donc deux listes opposées. Celle qui l’a emporté était menée par le maire sortant (donc réélu) et par une équipe de conseillers motivés et entièrement renouvelés. La particularité des petits villages, c’est aussi qu’il n’y a pas de parti politique, et que les listes sont dites « apolitiques » ou « sans étiquettes ». Bon après, quand on connaît les gens on se doute un peu que d’un côté les candidats sont plutôt à gauche, et que de l’autre ils sont plutôt à droite, mais ici ou la vie locale est primordiale, les électeurs votent plus pour des personnes que pour une couleur politique.

Si je prends la liberté d’écrire cet article, ce n’est absolument pas pour faire l’apologie de nos nouveaux élus ni pour vous parler politique, mais essentiellement pour vous donner un aperçu de la campagne électorale telle que nous l’avons vécue. C’était la première fois que je vivais cette expérience « de l’intérieur » et j’ai trouvé ça fascinant. Le fait que ce soit à toute petite échelle était même encore plus intéressant que si nous avions été dans une grande ville. Ici il est facile de connaître, du moins de vue, tous les protagonistes, de pouvoir se faire une idée des enjeux et de la gestion de la commune, et de participer pleinement à toutes les étapes de la campagne. Parce que oui, même si c’est Papa-des-Champs qui se présentait, j’ai pu participer à mon niveau.

Déjà parce qu’il m’a raconté toutes les réunions de préparation auxquelles il a assisté. Ensuite parce qu’il a eu une part importante dans l’organisation de la campagne et que je l’ai secondé. J’ai beaucoup aimé mettre mon petit grain de sel dans le choix du slogan, chercher des exemples d’affiches pour nous en inspirer… Et bien sûr j’ai adoré avoir le droit de rédiger la profession de foi ! L’avantage d’être rédactrice, c’est que j’ai pu me charger de récolter les idées de tous les co-listiers, de reprendre le petit texte écrit par le maire, et de mettre en forme tout ça. Trouver des phrases choc, organiser des parties, présenter le tout avec conviction et dynamisme, utiliser des verbes d’action, l’exercice était excellent ! Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est que l’équipe m’a immédiatement fait confiance et que j’ai pu m’éclater sans autres contraintes rédactionnelles que celles que je me suis fixées moi-même. C’est une expérience que je renouvellerai avec plaisir si l’occasion de présente.

La campagne électorale nous a également permis de rencontrer des tas de nouvelles personnes. Pour le coup, je crois que nous sommes maintenant totalement intégrés dans le village. Nous avons bien sûr sympathisé avec les co-listiers de Papa-des-Champs, mais nous avons également eu l’occasion de rencontrer d’autres habitants. Ces rencontres sont enrichissantes à titre personnel (parce que c’est toujours chouette de boire un verre avec des gens sympas !) mais aussi grâce au fourmillement d’idées qu’elles génèrent. C’est passionnant de voir que de nouveaux projets vont voir le jour dans notre village, et que nous pourrons nous y investir. Le fait de prendre part à la vie locale a d’ailleurs été l’une des principales motivations de Papa-des-Champs, et je ne peux que partager cette vision.

Nous sommes bien loin de préparer le Grand Soir, et nous serons évidemment confrontés à des difficultés ou à des déceptions, mais ça n’empêche pas d’essayer !

J'illustre mes billets comme je peux...

J’illustre mes billets comme je peux…

Visages de ma campagne

Visages de ma campagne

Je l’avais déjà un peu évoqué dans un précédent article, nous habitons un tout petit hameau avec très peu de maisons. Les anciens propriétaires de notre maison nous en avaient dit beaucoup de bien, ils aimaient ce lieu et n’ont pas tari d’éloges sur ses habitants. C’était forcément rassurant, mais ça faisait aussi partie de la transaction et de la « pub » ; ils nous auraient dit que tous les voisins étaient des cons, on aurait moyennement eu envie de nous y installer… Dans une semaine, cela fera trois mois que avons emménagé, et force est de constater qu’ils avaient raison ! Les gens sont accueillants, souriants, serviables mais pas du tout envahissants. Cet avis est apparemment partagé dans les environs, puisque la factrice et le vétérinaire (j’aime mes références !) ont même été jusqu’à employer l’expression petit paradis pour qualifier notre hameau (ils n’y habitent pas, donc leur avis est plus ou moins objectif). En plus de la bonne ambiance qui y règne, je suppose que cela tient aussi à notre situation un peu « en dehors du monde », aux paysages et aux maisons qui sont plutôt jolies et bien entretenues. Le petit détail en plus, c’est qu’à part pour se rendre ici, aucune voiture n’a de raison de passer à B. Les routes sont ainsi organisées que le hameau ne se trouve sur le passage d’aucun autre village, il faut bifurquer pour arriver jusqu’à nous. Il y a donc très peu de voitures, elles roulent lentement, et c’est bien agréable. A l’inverse, nous croisons pas mal de piétons, puisque nous sommes sur le chemin de Compostelle. Bon ça c’est surtout l’été, en novembre les pèlerins se font forcément plus rares…Mais j’aime bien l’idée de vivre au calme le long d’un chemin de cette renommée, sur la route de tellement de monde.

Dans un registre beaucoup moins poétique, notre hameau me fait penser à un camping…

Bon alors évidemment, nos douches ne sont pas communes et je n’ai encore croisé personne un rouleau de papier toilette à la main, mais il y beaucoup de points communs ! Pendant nos promenades nous croisons toujours un voisin, voire plus. Le tour de B. est en effet devenu notre petit rituel après le goûter quand le temps s’y prête, et le week-end c’est une façon rapide de prendre l’air sans avoir à  prendre la voiture (et à perdre 10mn le temps de ligoter d’arnacher les enfants sur leurs sièges-auto). Ce n’est certes pas bien grand, mais entre le ramassage de feuilles mortes, les animaux à regarder (moutons, cheval, canards, poule, chiens et chats), les formes des arbres à commenter et le bassin des voisins à admirer, ça prend un certain temps !  La plupart du temps devant sa caravane maison, parfois devant l’abri à poubelles, le voisin est un être habillé simplement (oui, un peu comme un sac, mais à la campagne on s’en fiche et moi ici j’ai l’impression d’être classe, alors j’aime bien !) et il a le verbe facile. Les voisins s’appellent par leurs prénoms et se tutoient parfois. Nous avons une petite feuille de récap’, avec un plan simplifié du hameau, un numéro pour l’emplacement de chaque maison et en légende le nom des gens et leur date d’arrivée. Dans les campings il y a les mêmes pour pouvoir retrouver un mobile’home ! Oui, je connais parfaitement les us et coutumes des campings… je me fais peur là !!! Pour nous distraire, nous n’avons pas de soirée disco ni de jeux apéro mais ce qu’on appelle ici les Voisinades ! Le principe est tout simple :  l’été, des tables dans un champ, des salades, des grillades et bien sûr quelques litres de vins. Quand un voisin déménage, il organise un mini vide grenier dans son jardin pour se débarrasser de ce dont il n’aura plus besoin mais qui pourrait servir aux autres. Nous avons hâte de voir si en partant, Mme D. pourrait nous revendre quelques outils de jardins ! Sous certains aspects, ça rappelle aussi un  peu Desperate Housewives, mais versions bouseux ! Sans les meurtres et les histoires de tromperies. Quoi qu’en fait je n’en sais rien, si ça se trouve mes voisins ont des secrets sulfureux !

Pour rester dans un registre télévisuel (et pourtant je ne suis tellement pas télé-vore que nous nous sommes débarrassés de la nôtre…), le village auquel nous sommes rattachés est une réplique de Walnut Grove. Le village de La Petite Maison dans la prairie :-) Comme là-bas, notre bourg se concentre autour d’une rue principale. Je ne suis même pas sûre qu’elle porte un nom, l’adresse de l’école étant juste « le bourg ». Chez nous, l’école comprend deux classes, mais chacune compte quatre ou cinq niveaux. L’hétérogénéité scolaire est donc de mise. Les cours ne se font pas dans l’église, celle-ci a d’ailleurs perdu sa fonction religieuse pour être aménagée en salle municipale où s’organisent les diverses fêtes et manifestations culturelles du village. Et dans le jardin de laquelle a lieu le grand méchoui de la mi-août ! Toujours l’esprit camping… Comme dans la série, nous avons un hôtel (en fait des chambres d’hôte), un bar-restaurant qui fait également bureau de poste, et un magasin. Là où le charme s’éteint, c’est qu’il n’est pas tenu par une affreuse bonne femme égoïste et prétentieuse… et que nous ne sommes pas obligés d’acheter notre farine ou notre sucre à crédit ! Je n’ai pas non plus croisé de petite peste blonde à l’école, ouf ! Par contre, ma voisine la plus proche, la seule du hameau à être originaire du village, se prénomme Laura ! Ca ne s’invente pas. Enfin, avec l’arrivée de l’hiver tous les habitants sont obnubilés par leur stock de bois ( Papa-des-Champs le premier !!!) et tout le monde s’active pour couper ses bûches et aller tronçonner le bois mis à notre disposition dans la forêt.

Demain, c’est décidé, Poussin se rendra à l’école en sautillant dans les champs ! Quant à moi je vous laisse, je vais préparer une tarte aux pommes :-)

Je ne pouvais pas faire autrement… :o)